Maisalors, s'il est conçu seulement comme instrument, l'Etat devrait disparaître avec les inégalités sociales : c'est la perspective de la suppression de l'Etat dans la société sans classes. Ainsi, l'Etat serait-il un simple instrument, un moyen. Et ce moyen devrait être conçu soit comme un mal nécessaire, durable dans le cas du libéralisme, théoriquement 1essentiel, indispensable. 2 obligatoire, inéluctable. 3 qui ne peut pas ne pas être. 4 qui découle de la logique. nm. 5 ce qui est indispensable à la vie. 6 ce qui est important pour arriver à un résultat. 7 coffret rempli d'objets destinés à une utilisation précise ("nécessaire de toilette") 8 ensemble des fournitures scolaires. Cest un acte courageux, patriote et nous la saluons », a laissé entendre Adeguero Walillaye, président de AMIRE. Selon les amis de la République, le coup d’État est certes anticonstitutionnel mais « un mal nécessaire » au vu de la dégradation de la situation nationale. Pour ce faire, le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré a Ales en croire, l’état d’urgence serait un mal nécessaire pour pouvoir lutter efficacement contre le terrorisme. Mais en opposant sécurité et liberté, le gouvernement alimente l’idée délétère que le droit est l’ennemi d’une répression légitime. En creux, les pouvoirs publics laissent entendre que le juge et les droits qu’il garantit sont un obstacle Pourle gouvernement Couillard, «l’État est un mal nécessaire» Jocelyne Richer - La Presse Canadienne 21 novembre 2015 à 11h55 - Mis à jour 21 novembre 2015 à 20h43 3 minutes de lecture Sousun État juste, il n’y a pas de tyran, tout le monde obéit à la loi et personne n’est au-dessus des lois. Donc corriger l’inégalité économique ne semble pas nécessaire, l’égalité devant la loi annule en quelque sorte le jeu des forces entre le fort et le faible. xa9RtgW. Introduction qu'est-ce que l'Etat ?Table des Matières1 Introduction qu'est-ce que l'Etat ?2 La question de l’origine de l’Etat3 L’Etat l’organisation et la répartition des pouvoirs4 L’Etat l’instrument des classes dominantes5 La question de l’Etat et ses dérives totalitaristes6 Ni Dieu ni maître »7 Les autres conceptions de l'Etat8 Conclusion La société ne va pas de soi. Elle se doit, pour maintenir une cohésion sociale, d’être réglementée par des lois, organisée autour d’un pouvoir régulateur, un pouvoir politique. Or, qui dit réglementation dit nécessairement contraintes, obligations, devoirs. S’il existe des sociétés réglées sans le pouvoir d’un Etat ex les sociétés primitives, elles demeurent néanmoins fondées sur des règles, des rites et tabous qui organisent la vie en communauté. Pour les sociétés organisées autour d’un pouvoir politique, c’est l’Etat qui incarne ce pouvoir. La question de l’origine de l’Etat L’Etat le pouvoir politique une pluralité de formes possibles de ce pouvoir. Texte d’Aristote Ethique à Nicomaque Selon Aristote, il existe trois types de constitutions 1 la royauté, 2 l’aristocratie, 3 la timocratie politeia. La meilleure est la première, la pire est la troisième. Selon Aristote, l’opposé du meilleur est toujours le pire » et la dérive du régime considéré comme le plus adéquat est la tyrannie royauté et tyrannie sont toutes les deux des monarchies mais la relation que le roi et le tyran entretiennent avec le pouvoir politique exercé diffère quant à lorientation de l’intérêt alors que le roi exerce le pouvoir dans l’intérêt de ses sujets, le tyran ne vise que son intérêt personnel. Un mauvais roi devient un tyran on peut donc admettre la concentration des pouvoirs en une seule main comme le risque d’un détournement de la fonction même du politique qui ne sert plus la Cité pour réaliser sa fonction dans la collectivité mais qui, au contraire, se sert de la Cité pour répondre à ses ambitions individualistes. Aristote conclue que la timocratie et la démocratie sont voisines car se fondant et cherchant le pouvoir de la masse La démocratie est la moins mauvaise des constitutions corrompues car ce n’est qu’une faible déviation constitutionnelle ». Transition Pour que le pouvoir politique puisse se réaliser dans sa fonction première, il semble nécessaire qu’au sein du pouvoir, qu’au sein de l’Etat, les pouvoirs soient séparés les uns des autres. L’Etat doit donc s’organiser à partir d’une organisation des pouvoirs. L’Etat l’organisation et la répartition des pouvoirs Aristote Politique LII Les termes constitutions et gouvernement ont la même signification ». Aristote Politique LIV Toutes les constitutions comportent trois parties » Quand ces parties sont en bon état, la constitution est nécessairement elle-même en bon état » Les trois parties selon Aristote Le pouvoir délibératif délibère quant à la guerre, la paix, les alliances c’est le pouvoir décisionnel. Le pouvoir exécutif la magistrature elle applique les décisions prises. Le pouvoir judiciaire celui qui rend la justice les membres qui le constituent sont des citoyens tirés au sort ou élus et constituent un tribunal. Transition L’Etat repose ainsi sur la participation active du citoyen à la vie publique, à l’interaction entre le pouvoir étatique et l’engagement du citoyen dans la vie politique de la Cité. Mais cette interaction ne repose-t-elle pas sur l’idée même de communauté », d’une histoire commune de l’humanité ? Engels l’Etat une production de la production Ce sont les hommes qui font leur histoire mais dans un milieu qui les conditionne » Il y a un lien entre ce qui a été, ce qui est et ce qui sera enchainement des causes et des effets interaction entre les conditions économiques, sociales, politiques. Ce n’est pas la conscience qui détermine la condition sociale mais la condition sociale qui détermine la conscience Marx. Toute société est fondée sur la production et les échanges que celle-ci génère. De la répartition de la production découle la répartition des classes sociales. Dès lors, pour expliquer ce qu’est l’homme, les analyses métaphysiques, philosophiques ne font pas sens. C’est par l’analyse de la modification des moyens de production, de la production elle-même et des échanges que l’on peut comprendre le fonctionnement social et politique d’une société. Quand la production d’une société devient très élevée et donc que le degré de développement économique d’une société augmente, la création d’un Etat apparait comme une nécessité. L’Etat est donc le produit de la société ». La fonction de celui-ci consiste alors à estomper les différences sociales. L’Etat a pour fonction de réguler et la production et les richesses qui découlent de la production. Engels L’Etat n’existe donc pas de toute éternité. Il y a eu des sociétés qui se sont tirées d’affaire sans lui, qui n’avaient aucune idée de l’Etat et du pourvoir d’Etat. A un certain stade de développement économique qui était nécessairement lié à la division de la société en classes, cette division fit de l’Etat une nécessité ». Transition Cependant, une question se pose si l’Etat apparait comme la conséquence logique » d’un certain degré quant au développement économique d’une société, il se signale comme ce qui vient rationaliser les échanges. Mais l’Etat remplit-il cette fonction ? Etabli pour limiter les différences sociales, l’Etat limite-t-il les inégalités ou les renforce-t-il ? L’Etat l’instrument des classes dominantes Texte de Engels L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat » Selon Engels, l’Etat est au service des classes dominantes qui, par l’Etat, justifient la division de la société en classes sociales mues par des intérêts contradictoires. L’Etat serait un instrument politique qui masque le conflit réel qui s’est établi dans la société la lutte des classes entre la classe bourgeoise et la classe prolétarienne. A l’origine, l’Etat est né du besoin de limiter cette lutte. Mais parce qu’il a été créé par la classe dominante, l’Etat est devenu un pouvoir économique qui s’est octroyé le pouvoir politique pour se maintenir dans son pouvoir dirigeant. L’Etat serait l’incarnation du pouvoir des plus puissants pour se maintenir comme puissants et opprimer encore davantage les classes opprimées sous son pouvoir. Tenons pour exemples l’Antiquité le pouvoir politique appartenait aux maîtres face aux esclaves, puis dans la période féodale ce pouvoir fut aux mains des seigneurs face aux serfs, et maintenant ce pouvoir est détenu par la classe bourgeoise face au prolétariat. L’Etat n’est donc pas le garant de l’intérêt général mais l’instrument de l’intérêt particulier de la classe dominante. L’Etat n’est pas séparé de la société, il est plutôt partie prenante des conflits sociaux et il est au service de l’oppresseur pour maintenir son pouvoir sur l’oppressé. Transition Un problème apparait alors si l’Etat est un instrument politique au service d’une minorité dominante, il peut rapidement devenir le pouvoir d’un seul homme. Si la démocratie repose sur l’idée d’intérêt général et si cet intérêt général se retrouve dans les mains d’un seul homme qui prône son intérêt particulier, l’Etat peut devenir totalitariste. Cependant le totalitarisme n’est pas le seul apanage d’un despote, un Etat providence peut devenir un Etat totalitaire. Dès lors, pour éviter cette dérive ne peut-on pas penser la société sans pouvoir étatique ? La question de l’Etat et ses dérives totalitaristes Texte de Clastres La société contre l’Etat » L’Etat est-il vraiment nécessaire, peut-on penser une société sans Etat ? Selon Clastres Les sociétés primitives sont des sociétés sans Etat. On pense que ce manque signifie une incomplétude, qu’une société sans Etat est une société inaboutie et que ces sociétés ne seraient pas totalement civilisées. Or, cette pensée fait preuve d’ethnocentrisme qui signifie lire une société à partir des valeurs qui régissent celle à laquelle j’appartiens et qui en diffèrent. C’est considérer une culture particulière comme étant la référence universelle. Inconsciemment je pense ces sociétés à l’aune de mes valeurs et je pose l’Etat comme la finalité de toutes les sociétés. Je pense alors les sociétés primitives comme étant anachroniques ». Autre erreur de l’ethnocentrisme penser que l’histoire suit un sens unique, qu’elle ne peut suivre une multitude de directions et de choix différents. C’est penser qu’il n’y a qu’une seule direction et qu’un sens à l’histoire. Ce qui est une erreur, un préjugé. L’état d’une civilisation n’est pas noué à la création de l’Etat une société peut être civilisée » sans Etat et une société avec Etat peut être barbare ». Transition L’Etat n’est pas une fin en soi, il n’est pas nécessairement le but et la finalité d’une société. Certaines sociétés se régulent sans l’autorité d’un pouvoir étatique. Or, si l’Etat n’est pas une fin en soi, alors c’est qu’il n’est qu’un moyen, un instrument. Et s’il est un instrument, il peut aussi être instrumentalisé, utilisé pour le bien ou pour le mal. Ainsi, même un Etat qui se veut juste » parce qu’à la recherche du bonheur et du bien de tous peut s’avérer dangereux, créant un despotisme de l’égalitarisme. Texte de Tocqueville De la démocratie en Amérique » La démocratie et son souci égalitaire peuvent conduire paradoxalement au totalitarisme et à la limitation de la liberté individuelle par la destruction du libre arbitre. La trop grande uniformité née de la volonté générale peut engendrer un endormissement de l’individualité du sujet et le transformer en bête de troupeau. Cet Etat providence il ne brise pas les volontés, il les ramollit ». Il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger ». Une prise en charge totale de l’homme par l’Etat implique un abêtissement, une déresponsabilisation. Sous couvert de faire le bonheur de tous, cet Etat providence engendre une uniformisation des hommes qui se réduisent en une masse anonyme, indistincte et qui tue l’originalité, la particularité de chacun. Cet Etat providence peut ainsi engendrer le malheur de chacun sous couvert de vouloir faire le bonheur de tous et finalement crée une société amorphe, homogène, incapable de penser et de créer de manière autonome et inventive. Ce que l’Etat providence peut engendrer un despotisme d’un genre nouveau, la volonté d’une société égalitaire, une nouvelle forme d’oppression qui conduit à une société égalitariste, massifiée, léthargique, uniformisée. Transition La démocratie, lorsqu’elle se fait Etat providence peut ainsi aboutir à ce contre quoi elle a toujours prétendu lutter le despotisme par l’égalitarisme. L’usage de la propagande, de l’endoctrinement au profit d’un Etat vicié qui instrumentalise le peuple et qui finit par user de la terreur pour le soumettre le mal collectif sous couvert du bien général. Texte de H. Arendt Des origines du totalitarisme » Seuls les sujets incultes ou les élites sont attirés par le totalitarisme l’élite parce qu’elle veut être à sa tête, le peuple parce qu’il est vu comme une masse indifférenciée. Définition du totalitarisme Etat qui rassemble la totalité des pouvoirs dans les mains d’un seul parti qui n’accepte aucune opposition, aucune résistance, aucun autre pouvoir et qui tend à confisquer la totalité des activités de la société qu’il domine. Dans la démocratie, le pouvoir totalitaire est limité par la loi, la liberté de paroles et d’opinions ce pouvoir contre balance celui effectué par la propagande mise en place par un pouvoir totalitaire naissant. Définition de démocratie » doctrine dans laquelle la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens il s’agit souvent d’une République. Le totalitarisme en place remplace la propagande par l’endoctrinement. La propagande permettait de propager des idées, l’endoctrinement cherche à convaincre le peuple pour qu’il adhère aux idées propagées. Le totalitarisme est insidieux il utilise ce qui était tu à l’opinion donc ce que le peuple ignorait en lui faisant croire que ce qui était tu l’était par la volonté de dissimuler la corruption. Le totalitarisme fabrique des contre-vérités qu’il présente comme des révélations au peuple. Cf le film Le dictateur » de C. Chaplin. Transition Les règles de l’art de gouverner découlent toujours du phénomène suivant tout pouvoir s’efforce de se maintenir, l’Etat ne cherche que sa propre conservation contre tout danger extérieur. La politique doit rester en prise directe avec les réalités du monde qu’elle gouverne. La question relative à l’art de gouverner se pose avec Machiavel. Il ne se pose pas la question de la légitimité du pouvoir politique mais celle du comment maintenir une stabilité politique. Machiavel Le Prince ou l’art de gouverner La question de Machiavel celle de l’art de gouverner pour se maintenir au pouvoir, le Prince doit-il se faire aimer ou se faire craindre ? Le but du Prince se conserver. Selon Machiavel, les hommes sont égoïstes, il en va de même pour le Prince. En premier, il promet, puis il fait face aux réalités. Le but du Prince la sécurité, la stabilité pour se maintenir au pouvoir. Et pour cela, il doit se faire craindre. L’art de gouverner se faire aimer ou se faire craindre ? Pour être aimé, il faut non pas être lié par de l’affect mais par des intérêts communs avec ses sujets. Mais un risque menace une relation fondée sur l’intérêt est par définition instable car les intérêts peuvent changer et alors le lien entre le Prince et ses sujets se fragilise et peut se détruire. Dans une telle relation, le Prince est dépendant et donc fragilisé. Il faut donc davantage se faire craindre car ainsi le prince crée une situation dans laquelle il est le seul maître du début à la fin. Ne se fondant que sur lui, son autoconservation est assurée. Mais cette crainte ne doit pas aller jusqu’à la terreur et la haine sinon il y a risque d’alliance subversives, risque de rassemblement des sujets qui voudraient éliminer le prince. La crainte est donc nécessaire dans l’art de gouverner et le pouvoir n’est sûr que s’il est reconnu par les sujets et que le prince incarne l’image du pouvoir Pour bien connaitre la nature des peuples il faut être prince, et pour celle des princes, être populaire ». Le prince doit donc être modéré, il doit rassembler, unifier et s’il utilise parfois des moyens cruels, l’usage qu’il fait de la cruauté doit toujours être inscrit dans une finalité qui vient la justifier comme un mal nécessaire pour un bien politique. Transition L’art de gouverner implique le sens de la stratégie et cette stratégie reste au service de la volonté de l’Etat de se maintenir comme pouvoir l’Etat ne chercherait-il pas que sa propre autoconservation ? L’abus de pouvoir de l’Etat, la mise sous tutelle de l’individu par le pouvoir étatique peut permettre une interrogation quant à la légitimité même de l’Etat. L’autorité politique peut en effet être lue comme paternaliste, tendant à infantiliser l’individu qui voit son individualité castrée. Cette remise en question du pouvoir étatique quant à sa légitimité se trouve interrogée par la pensée anarchiste. On note deux branches de la pensée anarchiste celle collectiviste, avec Bakounine, celle individualiste avec Stirner. Ni Dieu ni maître » L’anarchisme individualiste. Anarchisme » absence d’ordre ne signifie pas le désordre mais ce qui ne répond à aucun ordre ce qui ne répond que de soi par soi et pour soi et qui se sait être responsable de ses actes. De fait, la pensée anarchiste ne peut reconnaitre la légitimité du pouvoir étatique car l’Etat signifie une prise en charge autoritaire et instrumentalisée de la liberté du sujet un assujettissement pour le profit de quelques-uns qui s’octroient des droits sur tous. Bakounine Etat veut dire domination, et toute domination suppose l’assujettissement des masses et par conséquent leur exploitation au profit d’une minorité gouvernante quelconque ». Voyons maintenant si cette théologie politique, de même que la théologie religieuse, ne cachent pas sous de très belles et poétiques apparences, des réalités très communes et très sales ». Toute théorie conséquente et sincère de l’Etat est essentiellement fondée sur le principe de l’autorité, c’est-à-dire sur cette idée éminemment théologique, métaphysique, politique, que les masses, toujours incapables de se gouverner, devront subir en tout temps le joug bienfaisant d’une sagesse et d’une justice qui, d’une manière ou d’une autre, leur seront imposées d’en haut ». Selon la pensée anarchiste collectiviste, l’homme a une tendance naturelle à se rapprocher des autres hommes. Il est un être rationnel qui s’unit aux autres hommes suivant les affects et les centres d’intérêt. Et il est suffisamment adulte et responsable pour savoir ce qu’il a à faire sans qu’une autorité ne vienne le lui dire. Il n’a donc pas besoin de l’Etat. L’Etat ne fait que se servir lui-même… Transition Mais la volonté de se libérer de toute tutelle peut se prolonger jusqu’à l’affirmation radicale et définitive de l’individualité irréductible du sujet qui reconnait son identité comme stricte propriété, par essence unique et inaliénable. Prenant en compte la nature essentiellement égotiste de l’homme, et donc, par nature, incompatible avec toute idée de collectivité, de sociabilité, la négation de l’Etat peut logiquement aboutir à la non reconnaissance de tout ce qui fonde la société et peut même présenter la société contre-nature. L’Etat, la société, sont-ils l’aboutissement de la nature rationnelle de l’homme ou le produit d’une dénaturation de la fondamentale liberté naturelle de celui-ci ? Réalisation ou domestication ? Anarchisme individualiste Stirner L’unique et sa propriété » Ne reconnaitre aucun devoir, c’est-à-dire ne pas me lier et ne pas me regarder comme lié. Si je n’ai pas de devoir, je ne connais pas non plus de loi… » Stirner La volonté individuelle et l’Etat sont des puissances ennemies, entre lesquelles aucune paix éternelle » n’est possible. Tant que l’Etat se maintient, il proclame que la liberté individuelle, son éternel adversaire, est déraisonnable, mauvaise… Et la volonté individuelle se laisse convaincre, ce qui prouve qu’elle l’est en effet elle n’a pas encore pris possession d’elle-même, ni pris conscience de sa valeur, aussi est-elle encore incomplète, malléable ». L’abolition de l’Etat dans ce qui le fonde procède d’un retour à l’individualité, au risque du soi. Mais ce risque présente aussi une autre lecture de l’homme, à savoir celle qui le comprend comme essentiellement unique et qui doit portée cette unicité par-delà le Bien et le Mal. Conclusion L’Etat en peut pas être un degré de civilisation par-delà ou grâce à l’absence de l’Etat, les sociétés primitives répondent de structures sociales développées, hiérarchisées, de rites élaborés…Parallèlement, certains Etats celui d’Hitler… ont engendré une rationalisation industrielle » du mal. En ce sens, l’Etat ne peut plus être lu comme l’aboutissement le plus accompli de la Raison. L’Etat apparait comme un instrument politique à double tranchant ; il sécurise en même temps qu’il soumet, il rationalise la pluralité des identités en même temps qu’il limite la diversité des individualités. Sa difficulté consiste à trouver la juste mesure quant à l’exercice du pouvoir qu’il incarne. Cet équilibre est précaire et demande de l’attention de la part du citoyen qui doit demeurer vigilant quant aux dérives possibles et à l’abus de pouvoir. Equilibre précaire aux mains d’un seul homme ou d’un pouvoir totalitaire, l’Etat peut devenir ce qui déshumanise…Nous partirons de la définition classique de l’Etat entendu comme Etat-nation, tel qu’il s’est construit depuis le XIXème siècle, c’est-à-dire l’adéquation d’une nation, d’un territoire, et d’une organisation politique déterminée. Les autres conceptions de l'Etat Des souverainistes aux fédéralistes, faisons un tour d'horizon des conceptions de l'Etat, et de l'Etat au sein de l'Europe. L'Etat-nation structure politique indépassable de la modernité politique Approche naturaliste Hegel,La philosophie de l'Histoire l’Etat est l’étape ultime de l’histoire, la fin de l’histoire. L’incarnation de la raison universelle, le stade dernier de l’évolution des sociétés. L’Etat seul peut incarner l’Universel, le dépassement des intérêts particuliers. Le vingtième siècle semble, à priori, lui donner raison vu la démultiplication du nombre d’Etats dans le monde chute du bloc communiste, partition de l’ex-Yougoslavie, la décolonisation, …. Approche contractualiste Hobbes, Le Leviathan l’Etat résulte du pacte passé entre les membres d’une société et le Léviathan en échange de la sécurité, il accepte d’abandonner leur liberté naturelle. Chez Hobbes, la souveraineté de l’Etat est absolue, indivisible dans cette perspective, le remplacement de l’Etat correspond au retour à l’état de nature, sauvage et violent. Remplacement comme régression réponse possible car il s’agit d’un contrat, par nature révocable, mais pas nécessaire. Le Souverainisme seul l'Etat est garant de la cohésion d’un territoire et de celle de l’identité principe hégélien pour se poser, il faut s’opposer. Ainsi, les frontières sont, constituent un critère de reconnaissance. La collectivité, pour s’affirmer comme nation, doit se reconnaître dans une entité politique qui lui correspond. Tout dépassement de l’Etat entraîne une dissolution des identités, un vide moral, une perte de repères. Les philosophes et la critique radicale de l'Etat Pour les autres courants de pensée, l'Etat est, comme Nietzsche l'affirmait, le “plus froid des monstres froids”, l'institution à abattre Communisme Marx, Engels l'Etat est l’instrument de la classe bourgeoise, la structure qui masque la domination du capital sur le prolétariat. Philosophie de l’histoire historicisme Dépérissement de l’Etat est lié au destin de l’histoire. Anarchisme Bakounine autogestion des individus, toute structure transcendante est forcément synonyme d’oppression, de violence. Libertarianisme Rothbard Etat est une association de malfaiteurs qui extorquent illégitimement les propriétés individuelles. Seule l’organisation par les individus, sans autorité supérieure, créent une société optimale. Règne de l’économie, engloutissement du politique dans l’économie. Fédéralisme ls Etats doivent se dissoudre dans des entités plus grandes, voire une seule et même entité. Il s'agit de l'horizon d'un gouvernement mondial tradition instaurée par l’abbé de Saint-Pierre. David Held dans l'ouvrage Democracy and the global order défend la thèse d’un Etat mondial, fondé sur une conscience cosmopolite. Chacun est inclut dans la communauté mondiale comme citoyen. Les institutions sont supra-nationales Parlement mondial, cour pénale internationale permanente, conseil de sécurité disposant d’un pouvoir exécutif. Une troisième voie pour l'Etat Une troisième voie, entre disparition de l'Etat et son renforcement, a été défini par Habermas. Cette position médiane essaie de concilier, dans une approche volontariste, la nécessité de l’existence de l’Etat-nation et son dépassement. Dans Après l’Etat-nation, Habermas défend l’idée selon laquelle la mondialisation économique, c’est-à-dire la trans-nationalité des flux économiques, rend les frontières poreuses mais sur la question des frontières, on peut également penser à l’internationalisation des risques écologiques Tchernobyl, les marées noires, la grippe aviaire, … réduit la capacité d’action des Etat-nations, remet en cause leur souveraineté, de telle sorte qu’ils ne peuvent plus assurer les fonctions de protection, de redistribution des ressources, bref les fonctions de régulation intérieure qu’ils remplissaient autrefois. Autrement dit, l’Etat-nation, comme société capable d’agir sur elle-même, qui s’auto-gère de manière endogène, n’existe plus que partiellement. C’est pourquoi, il faut, selon Habermas, réinjecter du politique, ne pas laisser tout le champ social être régulé par l’élément économique bref, il faut réassujettir l’économie au politique, domestiquer l’économie, renverser le primat de l’argent sur le pouvoir politique ; Mais pour cela, les Etat-nations ne sont pas assez puissants pour résister seuls à la pression de la mondialisation. Les Etat-nations doivent transférer des compétences à un niveau supranational. L’Europe préfigure ainsi cette figure de l’Etat postnational, seul capable d’assurer à la fois la justice sociale et l’efficacité marchande. Cependant, dans l’horizon postnational, il faut que les institutions politiques se fondent sur une légitimité comment concevoir une légitimité démocratique des décisions prises au-delà de l’organisation étatique création d’espaces publics transnationaux. Conclusion Ainsi, paradoxalement, c’est le dépassement de l’Etat-nation par la construction d’entités politiques plus vastes qui permet la conservation des Etat-nations car d’un côté, l’Etat-nation n’est pas assez fort pour se porter à la hauteur de l’économie mondialisée et endiguer seul les effets pervers des marchés, mais d’un autre côté, l’Etat-nation est insubstituable dans son rôle de maintien, de catalyseur de l’identité collective. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID SpLxgVGy-WY-67qcq2vC8HDFsU6qhh1Wt5ItYilF7nC_df3iok0iNg== Le personnage Thomas HOBBES est né en 1588 dans une famille de commerçants de la moyenne bourgeoisie. Il a étudié à Oxford 1, pour devenir, dès l’âge de vingt ans, le précepteur du fils du Comte de Devonshire, futur Prince de Galles. Hobbes restera attaché à cette famille jusqu’à sa mort, en 1679, à l’âge de 91 ans. Entre 1629 et 1649, Thomas Hobbes effectue plusieurs voyages sur le continent. Lors d’un passage à Florence, il aurait rencontré Galilée, lequel l’aurait encouragé à appliquer ses idées à la politique. De toutes les personnalités savantes qu’il aura fréquentées, c’est vers Gassendi, le Père Mersenne, et son compatriote le Docteur William Harvey, qui a mis en évidence la circulation du sang, qu’ira l’admiration de Th. Hobbes. Formé à la littérature scientifique et philosophique Hobbes rédige, en 1640, son premier traité de philosophie politique Éléments de la loi naturelle et politique. L’ouvrage, qui traite de la nature humaine, de philosophie morale et politique, circule sous le manteau. L’Angleterre connaît alors des heures sombres. Hobbes, sentant la guerre civile, s’exile en France, où il se fait une belle réputation, dès 1642, avec son De Cive. À vouloir démontrer la quadrature du cercle, sa mathématique passe pour être fantaisiste. Il ne sera pas plus heureux avec la physique, où contrairement à Pascal et à Newton, Hobbes considère qu’il n’y a pas de vide dans la nature. Ce thème lui vaudra une sévère querelle avec le Collège Royal. À Londres la révolte éclate. On reproche au roi Charles de dilapider les impôts qu’il prélève. Le souverain n’aurait-il de comptes à rendre à personne ? Le parlement n’est pas d’accord. Charles 1er est décapité en 1649. Hobbes, qui a le mal du pays rentre alors en Angleterre, où Cromwell a le pouvoir. Les royalistes exilés en France, craignant la confiscation de leurs biens, rentrent aussi au pays. La restitution des biens est conditionnée par une taxe ! On n’a rien sans rien. Charles II monte sur le trône en 1651, année de la publication du Léviathan, dans lequel Hobbes tente, entre autres, de répondre à la question "qu’est-ce que l’État ? Pourquoi lui obéir " Hobbes continue de manifester de l’intérêt pour la géométrie, la politique, et l’optique où, dit-on, il a échoué. C’est cependant oublier que Hobbes a établi le théorème de la réfraction de la lumière, ce qui n’est pas la moindre des affaires. En revanche il est très fier de sa morale et de sa politique. Il prétend avoir fondé la science politique avec le De Corpore, bien que soit acquise sa réputation d’écrivain politique avec le De Cive. En 1666, le Léviathan, jugé trop critique sur le plan religieux, est condamné en Angleterre. On accuse Hobbes d’être athée, bien qu’il soit attaché à l’Église anglicane. Certains l’ont rangé parmi les “matérialistes”, au point qu’il arrive qu’Hobbes soit aujourd’hui considéré comme le précurseur, avec Spinoza, du matérialisme marxiste. Ses thèses font scandale. Descartes lui reproche d’être en faveur de la monarchie, de penser que les hommes sont foncièrement méchants. Hobbes passe aussi pour un plagiaire 2. On lui reproche enfin sa vision pré-totalitaire du pouvoir, et on l’affecte du doux adjectif de “monstrueux”. Hobbes fonde sa philosophie sur un principe matérialiste mécaniste 3 Hobbes, doté d’un esprit méthodique et systématique, fait une observation mécaniste de la nature. L’homme, selon lui, est soumis à un comportement déterministe soutenu par le matérialisme mécaniste. Les émotions, les volontés, les instincts, les passions sont déterminés mécaniquement. Aussi la vie psychique de l’homme exclut-elle tout libre arbitre. Comme tous les empiristes Hobbes pense que les sensations sont la source de la connaissance et la garantie de la certitude. Le XVIIe siècle connaît beaucoup d’auteurs au savoir encyclopédique, parmi lesquels on distingue les rationalistes, qui pensent qu’on peut débarrasser l’esprit des sens, comme Descartes, des empiristes, parmi lesquels se rangent Hobbes, Locke, Berkeley, Bacon. Pour Hobbes la pensée a un sujet c’est le corps qui pense, alors que pour Descartes la chose pensante est irréductible. Hobbes, n’accorde de considération ni à l’esprit ni à l’âme. Il explique que les phénomènes de la nature peuvent être expliqués par le langage des mathématiques. La nature devient tout à coup intelligible 4. La physique, contrairement à l’alchimie, est appelée Philosophie de la nature, science théorétique selon Aristote qui, en l’absence de théologie 5, l’eut retenue comme Philosophie première. Hobbes est-il nominaliste ? Leibniz l’a prétendu. Le sujet s’est assuré une belle carrière, tant les querelles ont été rudes depuis Boèce. Ou les concepts sont des mots, ou bien ce sont des réalités. On appelle nominalistes ceux qui tiennent les universaux pour des mots, et réalistes ceux qui tiennent les universaux pour des réalités en soi. La question des universaux se tient comme un volcan en sommeil jusqu’au XIè siècle, réveillée par Guillaume de Champeaux obligé de croiser le fer avec Abélard qui démontrait que les universaux sont tout juste des mots. Hobbes incline en effet vers une doctrine nominaliste. Cependant sa thèse prétend que le réel est évident, et que le réel est fait de mouvements et de corps. Cette évidence naturelle donne du sens à la raison qui a la capacité de manipulation des noms. Ces noms ne sont pas n’importe quoi. Là-dessus s’établit un dialogue de sourds entre Hobbes et Descartes dans lequel s’exprime la part de réalisme de la pensée de Hobbes. L’état de nature de l’homme 6 C’est précisément à partir d’une philosophie rigoureusement mécaniste que Thomas Hobbes développe sa conception de la nature humaine. L’homme à l’état de nature est un individu jaloux de sa distinction. La rivalité, la méfiance et la fierté, qui manifestent un souci extrême du profit, de la sécurité et de la réputation personnelles sont les passions nécessaires de tout un chacun. La conduite de l’homme résulte d’un jeu de forces mécaniques et d’une soumission aux passions, lesquelles le tiraillent au point que l'homme devient à la fois source et objet de violence. Il cherche à se rendre maître d’autrui, à le conquérir par la violence ou par la ruse. Cet état de nature sans droit règne en cohabitation avec le désir permanent de l’homme de disposer d’une certaine sécurité, et la nécessité d’échapper à la mort. Car dès lors qu’il s’autorise à être violent il s’offre du même coup à la violence d’autrui. Une autre passion limite l’homme, selon Hobbes, c’est la peur de la mort. Il dit que sa mère a enfanté deux jumeaux “moi-même et la peur.” Hobbes envisagerait-il l’homme comme a-sociable, voire comme on l’a dit “méchant” de nature ? En tout cas les hommes ne sont pas faits pour vivre ensemble. Il fait sienne la formule “L’homme est un loup pour l’homme”. Sa lecture du droit naturel est une lecture physique. Les hommes seraient dotés d’une force qui leur permettrait de vivre selon cette force. Pour Hobbes ni la méchanceté ni la bonté ne peuvent prévaloir sur la décision de ce qui est bien ou de ce qui est mal. L’homme est innocent. Mais si l’on laisse libre cours à sa nature, on aboutit à une situation impossible. Chacun promeut son intérêt personnel, y engageant sa force, mû par ses désirs. D’où l’état de guerre conséquent. Cet état-nature est le produit de la passion des hommes. Pour Hobbes comme pour Spinoza, l’état de nature est lieu de lutte pour la survie. Ainsi est justifié le primat de la sécurité. La liberté vient en second. Ce que Rousseau contestera "la vie ne vaut rien s’il n’y a pas la liberté". De la liberté et de la sécurité quelle est la valeur inaliénable principielle ? Si Rousseau déclare que c’est la liberté — “La liberté ou la mort!”—, Hobbes donne le primat à la sécurité, à la vie. Devant cette alternative, La Boétie présente l’esclave, qui peut n’avoir pas envie de se révolter, et préfère se réfugier et assurer sa sécurité dans l’aliénation 7. La dialectique de la nature humaine se construit sur deux passions la domination de l’autre, et la préservation de sa propre existence. Ces deux antithèses peuvent-elles déboucher sur une sphère de conciliation ? Hobbes, en tout cas, s’attache à résoudre cette contradiction. De la nécessité de l’État Il faut sortir au plus vite de l’état de nature. Le droit naturel doit disparaître dans le droit positif enraciné dans la puissance de l’état. Et parce que l’homme privilégie la vie, la sécurité devra donc être la finalité principale de l’action politique 8. On attend du souverain qu’il garantisse la sécurité. Contrairement à la situation irrationnelle de la nature de l’homme, l’État est construction rationnelle. Comment ? Ici intervient la science moderne. Hobbes applique à la lettre le principe de Galilée. Celui-ci prétend qu’après avoir lâché du haut d’un balcon deux corps de masses différentes, ces deux corps tombent en même temps 9 . Tout le monde s’étonne. Galilée a imaginé les corps dans le vide. Donc il fait une expérience de pensée, abstraite. Hobbes applique cette expérience aux hommes. Tous les hommes, comme tous les corps qui chutent, sont égaux “Le plus faible a toujours assez de force pour tuer le plus fort” 10. Autrement dit, le plus fort n’est jamais assez fort pour demeurer invariablement le maître. Devant la mort tous les individus sont égaux. Et si de l’appétit humain de domination procède la violence et la peur de la mort violente causée par autrui, il faut une loi qui préserve la vie, en inspirant aux hommes un contrat aboutissant à la fondation de la société civile et de l’État. Si l’on veut la paix, et assurer, préserver, garantir sa vie, sa propriété, sa sécurité, sa liberté, alors il faut devenir citoyen d’un État. Au droit de nature Hobbes substitue une loi de nature. Qu’est-ce que cela signifie ? Les hommes délaissent leur droit de nature, par un consentement mutuel et général. Ils le transfèrent en quelque sorte, à un souverain individu ou assemblée auquel ils délèguent le pouvoir politique en leur nom. L’État ne se présente plus, comme chez Aristote qui voyait en l’État le prolongement de la nature humaine 11, mais comme une construction artificielle et rationnelle des hommes. La souveraineté se trouve légitimée par la décision libre d’une délégation. Elle a toutes les raisons d’être absolue. L’essence du pouvoir, pour Hobbes, est d’être absolu. Comment l’État peut s’assurer d’un pouvoir absolu ? Le Léviathan devra s’adjoindre la plus grande puissance 12, celle qui est formée par le transfert des puissances individuelles. La puissance que s’adjoint le Léviathan est fondée sur le nombre. Et aussi sur la reconnaissance. Aussi convient-il de faire valoir ses qualités. La puissance d’autrui peut s’inféoder à la puissance régnante et l’accroître. Telle est la théorie de l’individualisme possessif qui réduit l’homme à n’être qu’une marchandise dont il s’agit de déterminer le prix, et dont les amis ne sont que des moyens d’appoint destinés à servir. Hobbes fait de la scène du monde un théâtre que l’état civil n’annihile sans doute pas. L’État assure la sécurité, l’ordre. Il est la source unique de la loi. Conclusion Hobbes établit une théorie rationnelle du pouvoir politique fondée sur la nature humaine. Il rompt avec la théorie de la souveraineté d’origine théologique 13. Hobbes aura jeté, avec Machiavel, les bases de la science politique moderne, en établissant une théorie rationnelle du pouvoir. De la définition de l’État 14 Hobbes tente de produire une définition de l’État “à la manière dont les géomètres produisent la définition d’un objet” 15. Il s’agit d’abord de déterminer les conditions formelles de l’État. Les conditions qui font que l’État est ce qu’il est étant connues, il reste à construire l’État. La génération de l’État consiste à établir, à la faveur d’une convention entre les individus, une puissance commune. “Ce qui revient à dire désigner un homme, ou une assemblée, pour porter leur personne” 16. Ce représentant est souverain. Souverain d’une multitude unie en une personne. C’est cette union qui constitue l’État. Telle est la cause formelle, au sens aristotélicien, de l’État. “Telle est la génération de ce grand Léviathan ..., de ce dieu mortel” 17. On le constate, Hobbes définit l’État comme “une personne une, dont les actes ont pour auteur ... chacun des membres d’une grande multitude, afin que celui qui est cette personne puisse utiliser la force et les moyens de tous comme il l’estimera convenir à leur paix et à leur défense commune.”18 La construction de la figure fondamentale de la géométrie politique repose ainsi sur la souveraineté d’une personne artificielle ayant le pouvoir d’agir au nom de tous 19 , comme puissance d’État issue de la convention passée entre les individus, dont la diversité des intérêts et leur opposition est plus forte que la sociabilité du genre humain. Force est donc d’obéir. Ni parlementaire, ni religieux, le souverain est doté d’un pouvoir absolu sur les hommes qui doivent renoncer à tous leurs droits 20. Le pouvoir du souverain s’étend sur tous, sur toutes les institutions, y compris l’autorité ecclésiale. S’il y a une religion Hobbes envisage qu’elle soit d’État. Ainsi doit-elle être assujettie à la volonté du pouvoir absolu du souverain. “Tout un chacun est son sujet.” Légitimité du souverain Hobbes invente la théorie de l’obligation. Le souverain est une “personne”, fictive, et comme le masque romain de théâtre, le souverain parle au nom de l’ “auteur”, c’est-à-dire au nom de ceux auxquels il garantit l’ordre. L’État est la représentation fidèle de la volonté des individus, telle qu’elle se dégage du contrat qu’ils passent entre eux21. Les hommes doivent s’engager les uns vis-à-vis des autres au profit d’un tiers. Le souverain doit être au-dessus des lois. Hobbes élabore un contrat de soumission —monarchiste—, par lequel l’aliénation intégrale du droit des sujets les soumet à un pouvoir du souverain illimité. L’unité du souverain fait l’unité du peuple. Et “il n’y a pas sur la terre de pouvoir auquel on peut le comparer” 22. À l'opposé, Rousseau, élaborera un contrat de type démocratique tous donnant à tous, c’est le peuple qui est souverain 23. Le souverain n’est ni l’expression du droit divin, ni le cadre naturel de la vie communautaire, mais le produit des individus qui ont voulu se donner un représentant. Kant s’inspirera de la doctrine de Hobbes pour dire que le peuple n’est constitué comme tel, comme instance de décision unifiée, “volonté universellement législatrice”, que par l’institution du souverain. Ce sont ces individus qui, par leur vote désignant le souverain, l’autorisent dans toutes ses actions et ses jugements comme si ces actions ou ces jugements étaient ceux des individus qui l’ont désigné. Dès lors la forme de gouvernement est inattaquable. Les “sujets” n’y peuvent plus rien changer. Il sont comme prisonniers d’une geôle qu’ils ont édifiée, en vue, rappelons-le, d’assurer leur sécurité. Car le rôle du souverain se maintient dans la recherche de la paix et du consentement entre tous. L’État doit permettre aux citoyens d’agir dans la tranquillité. Chacun reconnaît la nécessité pour l’État de constituer la puissance commune capable de faire face à l’insécurité qui résulte immanquablement du caractère pluriel de la condition humaine qui met en évidence la tension permanente entre les intérêts particuliers et l’intérêt général. On ne s’étonnera pas de l’intérêt de Marx pour l’importance accordée par Hobbes à la réalité du rapport des forces. Le souverain est juge et censeur. Il donne des ordres à la multitude des individus qui, sans lui, ont entre eux des relations en désordre. Il n’est tenu par aucune obligation contractuelle. La souveraineté absolue est la condition de l’unité et de la paix civiles, quel que soit le régime de gouvernement. Le souverain ne peut être destitué, sinon par lui, ce qui est absurde, puisque le souverain est seul juge. Il dispose d’une totale immunité. Elle lui est attachée par nature, comme par nature il dispose du droit d’établir des règles, de faire la guerre, de choisir ses conseillers 24. Le pouvoir étant absolu, la révolution ne peut être qu’illégitime. Sa doctrine aboutit logiquement à l’absolutisme. Principal théoricien, avec Locke, de l’État au XVIIe siècle, il se distingue radicalement de ce dernier, lequel, à l’instar des libéraux, met la liberté au centre de sa construction, une liberté qui veille aux conditions d’obéissance au souverain, ce qui justifie qu’un parlement contrôle le pouvoir et la puissance de la souveraineté. Si distincts qu’ils se présentent à nous, Hobbes et Locke ont en commun d’avoir voulu concevoir l’État sur des fondements empiriques. Hobbes, pour sa part, aura édifié une théorie rationnelle du pouvoir fondée sur une nature humaine somme toute réduite, incapable de dépasser son assuétude aux passions qui l’animent. Gérard LEROY 1 où l’apprentissage du grec et du latin lui permettront de traduire L’Histoire de la Guerre du Péloponnèse, de Thucydide. 2 cf. Lettre au P. Mersenne du 4 mars 1641, sur les relations entre Descartes et Hobbes. 3 Une chose qui pense est, selon Hobbes, quelque chose de corporel. cf. Thomas Hobbes, De la nature humaine, chap. XI, § 4-5. 4 cf. Galilée, L’Essayeur, 1628. 5 Le mot théologie a été inventé par Platon, au Livre II de la République, n° 379 “Quels sont les modèles théologiques qu’il faut suivre ?” 6 Thomas Hobbes, Léviathan, Gallimard, coll. Folio Essais, 2001, chap. 13, pp. 220-228. 7 La Boétie, Le discours de la servitude volontaire, Payot. 8 Pour T. Hobbes, un des moteurs de la vie , c’est la mort. 9 ce qu’a vérifié Neil Armstrong dans les conditions du vide lunaire, pour les télévisions du monde. 10 T. Hobbes, Léviathan, Gallimard, coll. Folio, chap. 13, p. 220. 11 pour Aristote, l’homme est en quelque sorte “normé” par la Cité. 12 Au chapitre X du Léviathan , Hobbes distingue la puissance potentia, comme capacité à faire, du pouvoir potestas qui traduit la permission de faire. T. Hobbes, op. cit., chap. 10, p. 170ss. 13 L’idée d’un fondement laïque du pouvoir, et donc de l’État, apparaît chez Grotius, Le Droit de la guerre et de la paix, trad. J. Barbeyrac, Amsterdam, Pierre de Coup, 1729, pp. 64-68. 14 T. Hobbes, op. cit., chap. 17. 15 id., chap. 17, p. 281, note 1. 16 id., chap. 17, p. 287. cf. aussi chap. 18, p. 293. 17 id., chap. 17, p. 288. 18 id., chap. 17, p. 288-289. 19 C’est cette union de la multitude et de l’unité que symbolise la couverture originale du Léviathan. 20 “abandonner un droit ... c’est se défaire de la liberté qu’on a d’empêcher un autre de profiter du droit qui est le sien sur cette même chose.” T. Hobbes, op. cit., chap. 14, p. 232. 21 T. Hobbes, op. cit., chap. 14, pp. 220-228. 22 voir la description du monstre Léviathan dans le libre de Job. 23 David Hume pointera avec cynisme le caractère égoïste des contractants, émettant un doute sur le bien-fondé des contrats. 24 T. Hobbes, op. cit., chap. 18, pp. 290-304. Le 1er février 2016, le gouvernement du Gabon a décidé de l’arrêt de la subvention des hydrocarbures raffinés hors pétrole lampant et gaz butane avec mise en application immédiate. Diversement appréciée par l’opinion, la suppression de la péréquation qu’assurait l’Etat sur les produits pétroliers raffinés est pourtant un mal nécessaire pour l’économie gabonaise. Dans un contexte de prix bas sur les marchés pétroliers, cette décision était devenue indispensable tout comme l’est la mise en œuvre d’une reforme la dépense publique. Notre analyse. Une subvention onéreuse et à l’efficacité sociale limitée Comme de nombreux pays pétroliers, le Gabon avait institué une subvention sur le prix du carburant servi à la pompe. Dans les faits, cette subvention se traduisait par un blocage des prix des produits pétroliers dans le réseau des distributeurs. Le différentiel de prix est reversé par l’état sous la forme d’une subvention. Ainsi, sur la base des données du FMI*, les subventions des hydrocarbures représentait-elle 20 milliards FCFA en 2009 soit à peine des ressources propres de l’Etat. Entre 2010 et 2013, le poids de cette subvention sur le budget de l’Etat s’est considérablement accru. Elle est ainsi passée de 40 milliards FCFA en 2010 à 230 milliards FCFA 2012 puis 220 milliards FCFA en 2013 où elle absorbait des ressources propres de l’Etat. Bien qu’ayant baissée à 125 milliards FCFA en 2014 sous l’effet de la suppression partielle de la subvention au gasoil industriel, la partie que l’Etat a continué de subventionner a quand même absorbé près de 5% des ressources propres du Gabon. Montant des subventions aux hydrocarbures raffinés au Gabon Le FMI qui conseille au Gabon la suppression de cette subvention depuis 2010 constatait dans son rapport No. 13/55** que l’efficacité sociale de cette subvention était limitée. S’appuyant sur une étude de Leigh et al. de 2006, le Fonds constatait que la subvention du pétrole lampant et du gaz butane touchait effectivement les couches sociales les plus défavorisées puisque ces 2 produits constituent entre et des 10% les plus pauvres du pays contre environ 0% des 10% les plus riches. Mais à l’inverse, la même étude révélait que la subvention sur le carburant de transport essence et diesel était plus favorable aux plus aisés. En effet des dépenses des 10% les plus riches du pays sont consacrées à l’achat de carburant de transport contre un pourcentage quasi-nul pour les 10% les plus pauvres. Ainsi donc le FMI a-t-il calculé que la subvention des hydrocarbures profitaient bien plus aux plus aisés qu’aux plus pauvres puisque ramenée à chaque catégorie de population elle représentait 57 000 FCFA chez les plus riches et seulement 4 000 FCFA chez les plus pauvres sur une année civile. Pour une maitrise de la dépense publique Pour être efficace dans la durée, la réforme de la dépense publique gabonaise ne doit pas se limiter à la seule réforme des subventions aux hydrocarbures. Une réforme bien plus large est nécessaire pour rationaliser et réduire les charges publiques afin de dégager les économies nécessaires pour amorcer une politique de relance économique. En effet, à l’analyse de la dépense publique en générale et des charges de fonctionnement en particulier, on observe une explosion des dépenses de fonctionnement au cours de ces 10 dernières années. L’évolution des dépenses de personnel entre 2007 et 2016 dans les différentes lois de finances permettent de l’illustrer. Ainsi entre 2007 et 2016, les dépenses de personnel ont cru de 144% passant de 300 milliards à 732 milliards FCFA. Alors qu’elles n’absorbaient que 19% des ressources propres de l’Etat en 2007, les seules charges du personnel salaires et primes notamment ont cannibalisé 40% des ressources propres en 2015. Evolution des dépenses de personnel public du Gabon entre 2007 et 2016 L’hypertrophie de la fonction publique gabonaise, le volume des dépenses de fonctionnement et les charges liées aux subventions des hydrocarbures raffinés diminuent d’autant les dépenses liées aux investissements structurants et/ou productifs. C’est particulièrement vrai pendant cette période où la baisse des prix du pétrole entraine une baisse des ressources publiques. De fait, la préconisation du FMI à l’Etat gabonais, telle que publiée dans son rapport de mai 2011 à l’issue des consultations de 2010 au titre de l’article IV trouve aujourd’hui tout son sens Il convient d’agir essentiellement sur les dépenses, en maîtrisant l’augmentation rapide de la masse salariale et en supprimant progressivement les subventions aux carburants, qui sont coûteuses. Le Gabon qui n’a pas tenu compte de ce conseil pendant 5 ans semble s’y être résolu sous l’effet d’une conjoncture économique défavorable. Mays Mouissi * Données issues du rapport du FMI No. 15/47 de février 2015 page 46 ** Rapport du FMI No. 13/55 de mars 2013 page 45 Sources principales – Lois de finances du Gabon 2007 à 2016 – Rapport du FMI No. 11/97 de mai 2011 – Rapport du FMI No. 13/55 de mars 2013 – Rapport du FMI No. 15/47 de février 2015 [wysija_form id= »1″] N'oubliez pas de cliquer sur les liens des différentes problématiques, afin d'accéder à un choix de textes relatifs à cette problématique particulière. Avertissement Les textes proposés ici étaient, pour beaucoup, susceptibles d'être classés dans plusieurs problématiques. Nous avons cependant choisi de ne les faire apparaître qu'une seule fois, c'est pourquoi il ne faut pas hésiter à explorer toutes les problématiques, afin de trouver un texte vous intéressant. I. Qu'est-ce que l'État ? - L'Etat est-il l'objet essentiel de la théorie politique ? 2. L'essence de l'Etat 3. Etat et gouvernement II. Quelle est la fonction de l'État ? à quoi sert l'État ? - L'État est-il un mal nécessaire ? - L'Etat est-il plus à craindre que l'absence d'Etat ? - Peut-on se passer de l'État ? - Doit-on tout attendre de l'État ? - Peut-on dire avec Hölderlin que Ce qui fait de l'Etat un enfer, c'est que l'homme a voulu en faire son paradis. » ? 1. Assurer le bien commun et en premier lieu la sécurité des citoyens... - La recherche du bien commun est-elle le fondement et la limite de la souveraineté de l'Etat ? - L'intérêt de l'Etat coïncide-t-il avec le bien commun ? - La raison d'être de l'État est-elle de garantir la sécurité du citoyen ? - Le rôle de l'Etat est-il de faire régner la justice ? - Peut-on concevoir la justice sans l'Etat ? - L'Etat a-t-il pour but de maintenir l'ordre ou d'établir la justice ? - La justice ne relève-t-elle que de l'Etat ? - L'État doit-il viser le bonheur des individus ? III. L'individu, la société, le citoyen, dans leur rapport à l'État 1. Le citoyen et l'État Les dangers du despotisme - Faut-il distinguer le citoyen dans l'Etat et l'individu dans la société ? - L'État doit-il éduquer les citoyens ? - L'Etat a-t-il besoin de la mémoire des citoyens - L'Etat est-il l'ami ou l'ennemi de l'individu ? - Est-il dans la nature de l'Etat de refuser les différences ? - L'Etat a-t-il, selon vous, un rôle à jouer dans la vie privée ? - L'Etat peut-il assurer à la fois la liberté et la sécurité des individus ? - Peut-on reconnaître un droit de révolte contre l'Etat ? - L'État est-il l'ami de tous en même temps que l'ennemi de chacun ? 3. La société et l'État - Une société peut-elle se passer d'État ? - Peut-on se passer de l'État ? - Peut-on penser une société sans État ? - Peut-il y avoir une société sans Etat ? IV. Le pouvoir de l'État et ses limites - Par quelles voies un Etat peut-il exercer sa souveraineté ? - À quelles conditions le pouvoir de l'Etat est-il légitime ? a. Nos devoirs envers l'Etat - Que devons-nous à l'État ? 2. Les limites du pouvoir de l'Etat - Faut-il accorder le moins possible à l'Etat ? - Pour limiter le pouvoir de l'Etat, peut-on s'en remettre à l'Etat ? - Le pouvoir de l'Etat est-il facteur de liberté ou d'oppression ? - Pourquoi l'État devrait-il limiter son pouvoir ? - L'État doit-il être sans pitié ? - Pourquoi l'union du droit et de la force dans l'État est-elle un problème ? - La violence exercée au nom de l'État est-elle fondamentalement différente de toutes les autres formes de violence ? - La morale relève-t-elle de la compétence de l'État ? a. L'État est-il au-dessus des lois ? - L'État est-il au-dessus des lois ? - Un gouvernement peut-il légitimement, dans certaines circonstances, agir à l'encontre des lois ? - L'État a-t-il tous les droits ? b. La conception libérale de l'État 3. La critique de l'État 4. La "raison d'État" - L'emploi du mot raison » est-il légitime dans l'expression la raison d'Etat » ? - Y a-t-il vraiment une Raison d'Etat » ? - Peut-on subordonner les Droits de l'homme à la raison d'État ? - La Raison d'État » peut-on tout justifier en son nom ? - Un gouvernement peut-il légitimement, dans certaines circonstances, agir à l'encontre des lois ? 5. État et violence - La violence exercée au nom de l'État est-elle fondamentalement différente de toutes les autres formes de violence ? a. L'Etat naît de la violence - Pourquoi respecter l'autorité de l'État ? - L'État n'impose-t-il l'obéissance que par la force matérielle ? - Est-il légitime de faire prévaloir les exigences de la conscience sur celles de l'État ? - L'obéissance à l'État est-elle toujours une obligation ? - L'État peut-il exiger de chacun qu'il travaille ? VI. État et liberté - Peut-on affirmer que la force de l'État fait la liberté des citoyens ? - Le pouvoir de l'Etat est-il facteur de liberté ou d'oppression ? - Qu'est-ce qu'un Etat libre ? - L'Etat restreint-il la liberté individuelle ? - L'autorité de l' État est-elle compatible avec la liberté des individus ? - La fin de l'Etat est-elle la liberté ? - L'Etat est-il l'ennemi de la liberté ? - La liberté est-elle possible sans un État pour la défendre ? - Serions-nous plus libres sans État ? - Serions-nous libres sans État ? 1. La philosophie anarchiste 2. Le despotisme 3. L'Etat et la liberté d'opinion - Un État démocratique doit-il tolérer toutes les opinions ? - Une religion d'Etat est-elle possible ? Date de création 03/05/2006 1739 Dernière modification 22/12/2020 1537 Catégorie Page lue 18822 fois

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