LaLigue des écrivaines extraordinaires : La Relève est un projet engagé de pulps féministes, fun et fantastiques. C’est trois romans courts, mauvais genre, inspirés de
AUXCABINETS Malgré l'humour et la vertu Il faut ici montrer son cul. Malgré la haine et la fierté, Il faut ici se défroquer. Malgré l'amour et la tendresse, Il faut ici montrer ses fesses. Poussez ! Poussez! Les constipés Le temps ici n'est pas compté. Venez ! Venez ! Foules empressées Soulager là votre diarrhée Car en ces lieux
Sujet poeme de cabinet Lun 22 Jan à 23:59: A U X C A B I N E T S Malgré l'humour et la vertu Il faut ici montrer son cul Malgré la haine et la fierté Il faut ici se défroquer Malgré l'amour et la tendresse Il faut ici montrer ses fesses. Poussez ! poussez ! les constipés Le temps ici n'est pas compté Venez ! venez ! foules empressées Soulager là votre diarrhée Car
Lerire est gras, l'humour lourd, et Clavier, un maître à penser. La France de 1995 prend de la bedaine avec la mine satisfaite d'un bourgeois
Leschercheurs ont déjà testé des herbes et des aromates comme le persil, le romarin, la sauge et le thym, reconnus pour leurs vertus anti-cancer. Or les chercheurs avaient remarqué que malgré des effets positifs sur l'intestin grêle, leur impact sur le reste du corps restait assez limité. Malgré ces résultats, les fruits et les
BLAGUEPOEME Aux cabinets MalgrĂ© l'humour et la vertu Il faut ici montrer son cul MalgrĂ© la haine et la fiertĂ© Il faut ici se dĂ©froquer Facebook. E-mail nebo telefon: Heslo: ZapomnÄ›li jste pĹ™Ăstup k účtu? Zaregistrovat se. PodĂvejte se na ZA GASY TIA MIVANITIKA na Facebooku . PĹ™ihlásit se. nebo. VytvoĹ™it novĂ˝ účet. PodĂvejte se na ZA GASY TIA MIVANITIKA na
UBKH. Le premier roman -perdu- de François Villon Le “Roman du Pet au diable” un ouvrage Ă©crit probablement entre 1451 et 1453 Ă Paris et dont il ne nous reste que le titre…Sa trace se perd avec l’énigme des tribulations urbaines et justiciables de son auteur François Villon, dont il s’agirait du premier texte. Dans son Grand Oeuvre le Testament,le poète mentionne ce roman qu’il lègue a celui qui fut son père adoptif, le chanoine dont il hĂ©rita du nom maĂ®tre Guillaume de Villon. Il y prĂ©cise que ce roman Ă©crit sous forme de “cahiers” se trouve chez lui, sous une table. Depuis cette mention toute allusive, l’œuvre se perd ou bien se tire, Ă la traĂ®ne de son auteur qui quitte le cocon universitaire oĂą il avait Ă©tĂ© reçu maĂ®tre-ès-arts pour s’acoquiner avec la bande des mauvais garçons qui Ă Paris se disputait la prestigieuse et plus occulte facultĂ© de cambriologie, hors-les-murs et… argotière. “Pet au Diable”…de quoi faire pâlir les noms ensorcelĂ©s qu’on retrouve en s’égarant un peu partout, Ă la ville ou la campagne, Ă la faveur des superstitions qui prĂŞtent aux lieux inquiĂ©tants la mainmise secrète des dĂ©mons. Pont du diable, moulin du diable ou au diable vauvert les titres de propriĂ©tĂ© ne se comptent plus qui disent l’angoisse et la peur des riverains que le temps a fini par Ă©vanouir et que la toponymie, seule, recueille Ă l’insu des dictionnaires et dresse, vivantes, au hasard d’un nom qui se survit dans le fatras des enseignes modernes de la grande ville qui a mangĂ© les parcelles de campagne. OĂą l’on devine encore, derrière le dĂ©dale de la zone industrielle ou de la rĂ©sidence pavillonnaire, le puits maudit pendant des siècles oĂą le diable engrossait les jeunes filles ou encore, le carrefour terrible oĂą le nuit venaient se retrouver sorcières et tempestaires. Impasse Satan…actuellement dans le XXème arrondissement Le “Pet au Diable” qui donne son titre Ă l’ouvrage perdu du poète renvoie au nom d’une grosse pierre sise Ă Paris au Moyen-Ă‚ge, rue du Martroi-St-Jean actuelle rue Lobau derrière l’hĂ´tel de ville. Ancien mĂ©galithe,prĂ©historique probablement-tels qu’ils Ă©taient nombreux alors dans le paysage urbain et qui se survivent encore dans les noms des rues de “la pierre levĂ©e” , “des Trois-bornes”, en borne de circulation ou chasse-roue devant l’hĂ´tel d’une notable parisienne, ce “pet au diable- ainsi baptisĂ© de manière satirique par les riverains fut au centre d’une joyeuse course-poursuite entre Ă©tudiants de l’UniversitĂ© et gens de justice en 1453 tels qu’en tĂ©moignent les registres du Parlement criminel. En effet, en 1451 cette pierre fut enlevĂ©e de devant l’HĂ´tel d’une noble dame que l’histoire retient comme Ă©tant Mlle de Bruyères. Qu’ils aient Ă©tĂ© investis d’une force herculĂ©enne ou que l’ivresse leur ai portĂ© secours, quelques Ă©tudiants en rupture de ban parmi lesquels François Villon, dĂ©placèrent la grosse borne et l’emportèrent jusqu’au sommet de la montagne Sainte Geneviève actuelle place du PanthĂ©on oĂą elle fut consacrĂ©e comme le bĂ©tyle de leurs paĂŻenne dissidence. Autour de ce menhir repĂŞchĂ© du tracĂ© urbain -profane-en voie de standardisation et auto-sacrĂ© divinitĂ© obscène comme un pape de Carnaval, se retrouvaient nuitamment les cortèges Ă©chevelĂ©s d’escholiers et de bandits, de goliards, de coquillards qui Ă©ructaient au son des fifres chansons Ă boire et blasphèmes, comme un exorcisme au temps prĂ©sent qui court la gueuse dans l’oubli des anciens rites oĂą le mystère copule avec le rire. L’affaire fit grand bruit dans la ville de Paris… Mlle de Bruyères, dont la borne avait Ă©tĂ© enlevĂ©e de devant son domaine fut courroucĂ©e et exigea que la voirie la dĂ©dommage de sa grande perte. Un arrĂŞt de justice fit ordre de saisir le gros caillou dĂ©placĂ© sur la colline et d’arrĂŞter les joyeux drilles qui poursuivaient de lui rendre un culte obscène. Jean Bezon, lieutenant criminel fut chargĂ© d’aller saisir et rapporter la pierre il l’entreposa dans le Palais de justice …d’oĂą, elle disparut, mystèRIEUSEMENT une nouvelle fois. En ces annĂ©es 1451-1453, l’UniversitĂ© Ă©tait arrivĂ©e Ă un point de dĂ©sordre considĂ©rable. Les escholiers peuplaient la nuit urbaine de dĂ©routantes facĂ©ties. Un procès de 1453 garde mĂ©moire du dĂ©tournement des enseignes qu’ils avaient coutume de perpĂ©trer, Ă la nuit tombĂ©e, renversant le sens d’orientation des honnĂŞtes gens le lendemain, Ă une Ă©poque oĂą les noms de rue n’existaient pas et oĂą les enseignes des Ă©choppes servaient de seules balises Ă logique dĂ©sormais conquise par Google Maps. Ars Combinatoria le mariage des Enseignes et le sexe occulte de la langue. Ars Combinatoria le sens occulte de la magie tel que l’arpentèrent Ă la fin du Moyen-Ă‚ge savants, kabbalistes et alchimistes. Derrière le grand Livre de la Nature oĂą les mĂ©tamorphoses permanentes du vivant nous laissent deviner une intelligence secrète qui en apparence nous Ă©chappe, il existerait un chemin occulte qu’empruntent ceux qui savent celui d’une ascension subtile vers la cause de toutes les causes, que les mages recombinent au grĂ© des “signatures”, ces indices labiles inscrits dans l’apparence de toutes choses et qui leur servent de balises dans l’âpre dĂ©sert initiatique d’une connaissance des grands mystères. Art combinatoire des indices et des images qui recèlent des vertus occultes qu’on sait venir des astres et dans la conjonction ou mise en branle desquelles on travaille Ă l’aveugle Ă retrouver la sente par laquelle les forces de l’esprit agissent sans obstacles. Liber de ascensu et descensu intellectus, Raymond Lulle, 1304 première publication 1512 De Raymond Lulle Ă Giulio Camillo, de la combinatoire du jeu de Tarots Ă l’art magique de la mĂ©moire dĂ©veloppĂ© par Giordano Bruno la combinatoire des images qui agissent emprunte une histoire marginale, subversive. Les traitĂ©s qui en tĂ©moignent sont obscurs mĂ©taphores, Ă©nigmes et jeux de sens dessaisissent la lecture pour l’éprouver. Le Jeu voie royale Le mystère se fait heuristique…et dans l’expĂ©rience offerte Ă tous, l’imagination et ses vertus magiques marie, comme en pĂ©riode de Carnaval dont Rabelais croquera le fruit le noble et le plus vil, l’érudit et le grossier, la connaissance avec le rire. Car il faut Ĺ“uvrer au chemin de traverse et au dĂ©tour chacun est appelĂ©, Ă se faire l’artiste de son propre parcours. Le destin est un jeu de pistes. VoilĂ sans doute la clĂ© de l’apparente obscuritĂ© des textes hermĂ©tiques lĂ oĂą le savoir est reproductible et transmissible, la connaissance ne l’est pas il faut la vivre. Le mariage des Enseignes et la sexualitĂ© du sens initiation et paillardise “Comme ce qui est en haut, ce qui est en bas” la loi des magies immĂ©moriales met sur la piste d’une correspondance subtile entre le macrocosme et la rĂ©alitĂ© humaine. Le Carnaval et tous les rites d’inversion qui durent les quelques jours jugĂ©s nĂ©fastes oĂą les saisons se mĂ©tamorphosent, redonnent le ton d’un branle-bas propitiatoire oĂą le monde est renversĂ© Ă dessein d’être rĂ©investi des puissances oniriques collectives, qui au fond, on le sait, sont celles qui le maintiennent sur pied. Ă€ Paris, au mĂŞme moment que l’affaire du Pet au Diable, les registres judiciaires surajoutent aux griefs qui pèsent sur les Ă©tudiants et mauvais garçons une pratique inattendue ceux-ci sont poursuivis pour avoir interverti nuitamment les enseignes des cabarets et des Ă©choppes dans plusieurs rues du centre de Paris. Au petit matin, les voisins se sont rĂ©veillĂ©s et vaquant Ă leurs affaires dans le pĂ©rimètre rĂ©duit de leur quartier, se sont perdus…”L’âne rouge” qu’ils avaient coutume d’apercevoir derrière l’angle de l’auberge s’était mystĂ©rieusement transformĂ© en “croissant d’or”, on avait sagacement accolĂ© Ă la fameuse “truie qui file” des Halles de Paris l’enseigne d’un ours patibulaire pour lui servir de mari et les Noces mystiques se poursuivaient mĂŞme en plein jour, aux vues de tous. L’orientation dans la ville avait Ă©tĂ© entièrement modifiĂ©e Ă la faveur de l’humour nocturne de quelques malandrins. Pis, on s’était amusĂ© Ă marier les figures peintes dont on s’était Ă©mu de la solitude “aux quatre fils Aymon” dont l’enseigne alors signait divers commerces on avait trouvĂ© subtil d’adjoindre quelque pucelle de St Georges qui languissait sur la façade d’une auberge isolĂ©e. Paris devint un bordel. Les Noces des figures laissaient entendre une partouze sĂ©mantique que ne dĂ©crieraient pas les gens qui comprennent la gaye science des alchimistes et des truands, cette “langue des oiseaux”, volatile, qui dĂ©fie l’esclavage de la grammaire et poursuit, Ă l’image du Mercure des alchimistes, sa cavale perpĂ©tuelle. Voici peut-ĂŞtre un des legs fondamental de Villon la ville, comme la langue rĂ©clame son tribut de jouissance et de rapine que seuls quelques enfants “éveillĂ©s” savent lui offrir et lui l’ordre reviendra,on croira que tout s’est remis sur pied. Pourtant, au pied de la lettre, les enfants perdus se sont planquĂ©s. Et ils savent encore sur quel pied danser. Rendre Ă©vidente l’incertitude du monde Les poèmes postĂ©rieurs de Villon feront montre d’une quĂŞte effrĂ©nĂ©e de l’ambiguĂŻtĂ© sur tous les plans. Antiphrases, contradictions, dĂ©tournement de mĂ©taphores la langue travaille Ă se dĂ©faire de l’intĂ©rieur, Ă l’image de la ville de Paris que le poète traverse en canaille avec certaines figures de style de ses amis. Villon est un enfant de Paris il connaĂ®t si bien sa ville qu’il la vit Ă l’intĂ©rieur. Comme une psychogĂ©ographie au sens plein, pis comme l’art mnĂ©motechnique kabbalistique qu’à la mĂŞme Ă©poque et tandis qu’il est si souvent en prison, les mages exercent dans leurs cabinets tenus secrets. “Rien ne m’est sĂ»r que la chose incertaine”, “je meurs de soif auprès de la fontaine”le poète ne cesse de poser une chose et son contraire. Son Testament et ses poĂ©sies volantes construisent une vision du monde brouillĂ©e, sans dessus-dessous un chaos philosophique oĂą l’on devine cette Ă©tape de l’Oeuvre au Noir alchimique oĂą il est question de dĂ©vĂŞtir la matière mĂŞme, “la mariĂ©e mise Ă nu par ses cĂ©libataires” pour retrouver l’étincelle de cette chose insĂ©cable, cette pierre philosophale qui survit occulte dans les charniers les plus obscurs, oĂą peu sont prĂŞts Ă se risquer et que la Mort laisse apercevoir Ă la fin et dans un sursaut. Ă€ la plume comme Ă la ville, tout devient dĂ©dale et prĂ©texte au vertige. C’est un dĂ©filĂ© de Carnaval oĂą la force de Villon se fait initiation Ă la manière du cristal…qui restitue diffĂ©remment la lumière selon la facette qui la reçoit. L’humour, enjeu du pouvoir Villon restitue la rĂ©alitĂ© dans le miroitement de sa complexitĂ©. Si ses vers nous parlent toujours malgrĂ© les 600 ans qui nous sĂ©parent et en dĂ©pit des jeux de mots que seuls quelques uns de ses amis pouvaient entendre, c’est qu’il y a scellĂ©, intacte,sous couvert d’une pathĂ©tique sarabande, la voie royale d’une transmission de l’émotion, repĂŞchĂ©e vivante, encore et malgrĂ© les siècles. Sa poĂ©sie est un talisman, au sens strict les vertus actives s’y prĂ©servent Ă la faveur d’un chassĂ©-croisĂ© sans fin des assauts rĂ©pĂ©tĂ©s des manipulateurs, des fossoyeurs. Depuis la fin du Moyen-Ă‚ge et bientĂ´t Ă l’orĂ©e des guerres de religion, le tout sous la main mise subliminale de l’Église, le contrĂ´le de l’émotion devient l’enjeu crucial du pouvoir et prĂ©pare le laboratoire moderne du sortilège rationnel. Les Ĺ“uvres d’art serviront au premier chef l’entreprise l’art ne tardera pas Ă faire Ă©cole, isolant de manière stratĂ©gique dans le lieu clos de l’impasse spĂ©culative, les sentiers percĂ©s Ă jour par quelques poètes brigands et sans aveux. “La science de l’esthĂ©tique”, le Patrimoine et la culture, se feront les Cerbères d’un Enfer oĂą les crĂ©ations de l’esprit humain se verront dĂ©vitalisĂ©es pour gentiment venir ponctuer les mises en scène fatiguĂ©es des lieux de culte que plus personne ne devine dans les musĂ©es. C’est le règne du littĂ©ral, du commentaire, des forfaits tout-inclus et des enquĂŞtes Ă algorithme. La pente raide du place n’est plus prĂ©vue au contre-sens, Ă l’omission ni Ă l’ellipse. L’ensemble des structures de pouvoir, politiques, Ă©conomiques et culturelles, enracinent leurs actions dans un gouvernement de l’attention, une simplification des Ă©motions et le dĂ©tournement de leurs puissances Ă des fins platement rentables et consensuelles. La libertĂ© du poète reste aujourd’hui plus que jamais survivante car subversive;les mages, les enfants et les illusionnistes savent de quoi il en retourne…eux qui par jeu, renversent le jeu… et allument l’existence â™
Publié le 25 juil. 2005 à 101Fidèle à ses habitudes, René Koering, le directeur artistique du Festival de Montpellier, a opéré un savant mélange entre le plus connu et le plus rare. Que sait-on, par exemple, d'Ignaz Holzbauer 1711-1783, compositeur viennois qui passa une partie de sa carrière auprès du prince Carl Theodor de Mannheim ? Dans les années 1770, Mozart apprécia son Günther von Schwarzburg » on peut juger de ses qualités dans un enregistrement édité par la firme allemande CPO ; la caution est-elle suffisante ? Suffit-elle à le distinguer des autres musiciens de cour de son temps, délivrant des partitions soigneusement élaborées, mais ne transcendant en rien la production courante ? Heureux homme, Carl Theodor disposait de deux théâtres, le premier à Mannheim, pour une saison d'hiver, le second dans sa résidence estivale de Schwetzingen _ il accueille encore, de nos jours, des ouvrages lyriques. Et c'est justement avec Il Figlio delle selve » que fut inauguré, en 1753, ce petit joyau de l'architecture baroque. Ni opera seria ni opera buffa, ce Fils des forêts » échappe aux classifications, mais en dit long sur les goûts de l'époque et sur ceux du mécène, ouvert à tous les courants musicaux. Rien d'étonnant à ce que travestissements et quiproquos soient au coeur du livret de Carlo Sigismondo Capece, que le mélange des genres n'effraie pas. Un roi dépossédé s'est réfugié dans la forêt ; son fils, librement élevé en pleine nature, dans un cadre dont la beauté évoque à coup sûr les environs agrestes de Schwetzingen, rencontrera des femmes qui feront son éducation, retrouvera sa mère qui vit sous un faux nom, déguisée en homme, et, happy end attendu, épousera la fille du rival de son père _ nul n'en doute, il deviendra, par la suite, un monarque éclairé. Un décor réduit au minimum Ce bon sauvage, qui ignore la vengeance, expose ses états d'âme avec naïveté. Dans un décor réduit au strict minimum, mais habilement éclairé par Patrick Fuchs, et qui exploite la profondeur de champ du plateau sur trois niveaux, avec pour seul ornement une vue restreinte sur des feuillages sortie d'une peinture XVIIIe, Georges Delnon apporte aux bons sentiments de l'intrigue un juste contrepoids par le biais de l'humour, sans forcer inutilement la dose ; le rythme languit un peu dans la première partie, mais se ressaisit dans la seconde, où les coups de théâtre s'accumulent, jusqu'à donner lieu à un strip-tease inattendu. Vêtus de manière farfelue par Marie-Thérèse Gossen, les personnages fument et sablent le champagne sans vergogne. Un singe folâtrant l'acrobate Waskar Coello leur tient compagnie. Curieuse distribution que celle-ci, qui utilise cinq voix aiguës, trois sopranos, une haute-contre, un ténor, ne respectant la différenciation des timbres et des couleurs. Maria Rodroguez campe non sans quelques stridences mais avec esprit Arsinda, la mère travestie. Sabina Martin Lucilla joue les soubrettes avec piquant. Melba Ramos, pulpeuse et sensuelle, incarne une princesse émouvante, qui rend justice à des airs superbes. Malgré d'évidentes limites dans le registre supérieur et quelques démêlés avec les vocalises, Gunnar Gusbjörnsson Teramene, roi déchu est un père convaincant et la haute-contre Gunther Schmid un fils dont on suit la métamorphose. Le son des instruments anciens du Neue Orchestre n'est pas des plus flatteurs et leur justesse est souvent prise en défaut ; mais Christophe Spering dirige sans s'appesantir, ni forcer le mouvement. Schwetzingen affichait ce spectacle en 2003, pour son deux-cent cinquantième anniversaire. L'an prochain, Delnon y mettra en scène la Proserpine » de Joseph Martin Kraus, un vrai génie musical, né la même année que Mozart.\
L’économie n’est pas une science, pas une science exacte du moins. C’est un mélange d’objectivité des chiffres et de perceptions subjectives, de réalités quantifiables et de confiance des investisseurs, ménages et opérateurs financiers. Ces dernières quarante-huit heures, ce n’est ainsi pas l’état de santé de l’économie américaine qui a fait plonger les marchés boursiers. Au moment même où les cours baissaient, les indicateurs américains faisaient, au contraire, état d’une accélération de l’activité industrielle et d’un recul des suppressions d’emplois, signe de l’optimisme des chefs d’entreprises. C’est malgré les chiffres que les Bourses ont baissé et cette dégringolade tient à la crise de confiance provoquée par les scandales affectant les entreprises américaines. Il y eut d’abord, à la fin de l’année dernière, l’affaire Enron, ce courtier en énergie devenu la coqueluche des marchés, ce nouveau Panama dont il s’est avéré qu’il courrait devant ses dettes à coup de maquillages et de sociétés-écrans. Dans la foulée, c’est le cabinet Andersen, l’un des tout premiers cabinets comptables du monde, qui s’est écroulé pour avoir prêté la main aux falsifications d’Enron. Puis les langues se sont déliées. La justice s’est mobilisée. Merill Lynch, l’un des grands agents de change new-yorkais, a manqué chavirer quand les juges ont découvert que ses analystes recommandaient d’investir dans des sociétés qu’ils jugeaient sans valeur et, de proche en proche, la suspicion s’est étendue à toutes les grandes entreprises, globalement soupçonnées et accusées de manipuler leurs comptes pour faire monter leurs actions en grand nombre de mentir à leurs actionnaires. C’est un nouveau scandale qui a ainsi provoqué, lundi, l’actuel malaise des Bourses. Alors, pourquoi ? Pourquoi l’embrouille comptable a-t-elle pris des proportions d’épidémie aux Etats-Unis ? Hier, dans le New York Times, Paul Krugman, l’un des meilleurs économistes américains, donnait sa réponse. Les gros actionnaires, expliquait-il, ont inventé, il y a deux décennies de personnellement intéresser les PDG et leurs cadres à la montée des cours en leur accordant des paquets d’actions préférentielles qui leur permettaient de devenir milliardaires en quelques années. Ce fut une révolution. On est ainsi passé d’une période où les managers se sentaient responsables du long terme, et notamment de leurs salariés, à une nouvelle culture où seuls comptaient les résultats immédiats, les dégraissages et les fusions-acquistions les plus spectaculaires, facteurs d’emballement des titres. Ca a marché, du moins pour les actionnaires, tellement bien marché, écrit Paul Krugman qu’il n’y avait plus qu’un pas à faire pour que cette avidité ne mène aux tripatouillages. C’est en effet ce qui s’est passé et, à l’heure du bilan, quand le capitalisme réalise qu’il s’est peut-être bien tiré dans le pied, une course à la vertu s’amorce accompagnée par une nouvelle génération d’économistes, Paul Krugman ou le Prix Nobel Joseph Stiglitz, qui prêchent la régulation, le long-terme, l’éthique, le profit bien sûr mais par la création de richesses et non plus l’incitation aux malversations et à l’illusion financière. Avec un zeste d’étatisme, un autre libéralisme, timidement, s’esquisse.
1Le prix littéraire est sans doute l'une des plus évidentes illustrations de la prescription littéraire française, si l'on entend par cette dernière la recommandation par des jurys d'experts d'un livre ou d'une oeuvre pour sa qualité littéraire, aussi bien que la reconnaissance institutionnelle d'une singularité auctoriale de l'auteur prometteur au grand écrivain via des récompenses assimilables à des étalons d'excellence » [1].2Il est à la fois un avatar de pratiques cénaculaires et mondaines anciennes inscrites dans l'espace des luttes pour imposer la définition légitime de la littérature en France et un monstre publicitaire intéressant [...] d'énormes circuits commerciaux » [2]. À ce titre, le dispositif des prix littéraires illustre un espace incontournable de reconnaissance littéraire de l'écrivain par ses pairs ou par des jurys de professionnels ou d'amateurs, de visibilité médiatique accrue – quoiqu'éphémère – ayant partie prenante avec le dispositif de création de toutes pièces d'un best-seller et de prescription littéraire travaillée par des facteurs exogènes à la consécration auctoriale lecture en déclin, livre concurrencé par d'autres biens culturels, professions du livre menacées par le numérique et la pléthore de marchandises. Cette prescription tient donc d'une économie du prestige » [3] ou d'une industrie de la récompense qui doit s'adapter aux contraintes du marché et aux mutations de la chaîne du livre, quitte à oublier de plus en plus que les prix trouvent leur origine dans des rites et usages littéraires multiséculaires uniquement dédiés au sacre de l'écrivain » [4] et à sa académiques et grands prix d'automne, prix populaires à jury tournant, prix créés par des médias ou décernés par des professionnels du livre impliqués dans sa médiation libraires, bibliothécaires, scolaires, prix numériques, en démultipliant les bandeaux rouges et en disséminant les formes de la prescription, invitent ainsi à réfléchir aux incidences de l'hyperchoix et de la révolution numérique sur le jugement critique et la valeur d'expertise, mais aussi sur la condition d'un des acteurs sans lequel la chaîne du livre n'aurait pas lieu d'être l'auteur. Or comment l'auteur consacré négocie-t-il son autorité dans un espace prescriptif qui lui échappe de plus en plus ?Prescription et médiation du sacre au label4Au bout de plus d'un siècle de grands prix d'automne Goncourt, Femina, Renaudot, Médicis, Interallié, grand prix du roman de l'Académie française, on passe du sacre au label [5], de la gloire académique et du panthéon des meilleurs écrivains du siècle aux palmarès et listes des meilleures ventes. À l'origine conçus comme des machines de guerre de l'écrivain contre l'ostracisme académique à l'égard du roman et l'industrialisation des lettres qu'on redoute de voir dénaturer la littérature en la contaminant par le roman-feuilleton et la presse Goncourt, puis contre des académies jugées ineptes à couronner des femmes de lettres Femina, les prix incarnent les reconfigurations d'une autorité prescriptive tour à tour convoitée par la presse Renaudot, Interallié, reconvertie en contre-académie appelée à saluer la valeur et la modernité littéraires Médicis. Et depuis quelques décennies, sous le joug des mutations d'un monde du livre précipitant la désacralisation de l'auteur et le rétrécissement de son rôle social, cette autorité se voit réduite à légiférer sur la circulation et la commercialisation du livre, et à faire passer les intérêts des métiers de l'édition et de la librairie avant ceux de l'auteur. On peut à ce titre s'interroger sur le culte porté à l'action emblématique d'un Jérôme Lindon en faveur des premiers bataille pour le prix unique du livre et contre la Fnac, défense de la librairie indépendante via la création de l'Adelf, lutte contre le livre de poche, contre le prêt gratuit en bibliothèque... [6] et l'oubli symptomatique d'un Hervé Bazin en faveur du second réforme de l'académie Goncourt, création des sélections, des bourses, défense de la francophonie, défense de la SGDL, du Centre national des Lettres contre celui du Livre, inscription dans tous les réseaux de sociabilité littéraire... [7]. En devenant une industrie culturelle, le livre a retiré à l'écrivain ses prérogatives sur la littérature qu'il écrit, contrôle son édition, sa diffusion et sa commercialisation. L'effet pour le moins paradoxal des prix est donc d'avoir constitué des magistères de gens de lettres ou de professionnels du livre qui, au lieu de défendre son autorité symbolique, l'ont muselée, en se faisant les instruments publicitaires zélés d'une culture et d'un marché de masse qui font passer depuis longtemps la consécration auctoriale au second formes en mutation de la prescription littéraire invitent donc à réfléchir à la médiation auctoriale à l'ère des industries culturelles et à ce qui la rend problématique. L'écrivain doit notamment composer avec ces industries du livre et de la culture dont les impératifs de production et de circulation des biens culturels ont tendance à faire de lui l'instrument des lois de la promotion et de la médiatisation d'une image usinée par la fabrique du roman, peu compatible avec le mythe de la création et de l'artiste. Dans la mesure où, à l'heure de telles industries culturelles, on fait des livres quoi qu'on écrive, la question pour l'auteur revient donc à se demander comment habiter cet espace de production et comment s'y voir distingué, au double sens de reconnu, consacré », et surtout ? de visible, repérable » dans la jungle des nouveautés. Dans un marché soumis au temps court des rotations de titres et à l'engorgement, où fleurissent des bataillons de bandeaux rouges formant palmarès et listes des meilleures ventes, la question de la prescription, avec en amont la sélection et le tri qu'elle suppose et en aval le temps long des fonds de bibliothèques à défaut de l'improbable éternité des panthéons littéraires, est en effet devenue cruciale autant que et médiatisation des scénographies en pleine mutation6Le spectacle médiatique qui accompagne le succès du dispositif des prix littéraires joue un rôle déterminant mais non moins ambigu dans la réception par le grand public de cette prescription annuellement assénée dans le secret des jurys à coups de lauriers, avec l'autorité incontournable d'une ordonnance les formes iconiques et iconographiques du rituel des prix littéraires [8] donnent à lire un protocole du prix qui surmédiatise l'acte de prescription, exhibe des piles de livres au bandeau rouge, des forêts de micros et de focales ; la presse décrit la liesse de ses acteurs réunis dans des salons feutrés parisiens et des banquets bien arrosés, ces pairs exultants dont la joie bruyante traduit le bon choix de l'expert et son autorité légitime. Ces photos de confraternité littéraire démultipliées ad nauseam reproduisent un rituel et des poses identiques, dans le fantasme d'une éternelle perpétuation du même et d'une même appartenance à la mère Littérature. Sérielle, anonyme, mais non moins mythique et pétrie d'imaginaire collectif, simple icône interchangeable à admirer, mais non moins sublimée comme n'importe quelle star du paysage médiatique, la photo de presse fait malgré tout de la fabrique de l'auteur une machine à rêver. La télévision, elle, plus pressée, moins complexée à l'égard du littéraire, se focalise sur l'événement littéraire sériel par lequel un lauréat remplace l'autre dans une succession sans mémoire [9] ; exhiber le livre au bandeau rouge ou le dédicacer trahit plus ouvertement le lien étroit entre prix littéraires et promotion éditoriale, ainsi que l'infléchissement économique de l'édition dont découle l'obligation pour l'auteur de participer lui-même à la promotion de ses étude récente menée sur les discours et scénographies médiatiques entre 1945 et 2011 portant sur les grands prix d'automne [10] montre quant à elle le dévoiement marchand progressif des prix et l'effondrement conjoint de l'autorité de la critique presse [11], à mesure que s'aggravent les difficultés structurelles de la presse écrite. La culture de la célébrité et de la visibilité entretenue par les prix littéraires jugement élitaire, prescription verticale des élites lettrées n'empêche pas la désacralisation de l'écrivain, voire sa peoplisation ». On bascule d'un régime esthétique et savant 1945-1970 à un régime soit socio-économique, soit pathémique d'appréciation de l'auctorialité comme de la valeur littéraire et de son actualité. À mesure que l'espace réservé aux livres et à la littérature se réduit, la chronique et le reportage, qui ont remplacé les feuilletons littéraires et l'analyse critique des ouvrages, survalorisent l'événementiel, surtout s'il est polémique ou scandaleux, empruntent aux domaines de l'oenologie, du tiercé, de la boxe, des jeux du hasard ou du cirque de quoi réduire la littérature à une compétition d'écuries d'auteurs et d'éditeurs trivialisant l'écrivain lauré. Soucieuse de capter pour survivre un lectorat de plus en plus rétif à ce qui n'est pas loisirs et divertissement, la presse se place sur le terrain de l'adhésion à une littérature moyenne et aux industries culturelles et de l'intériorisation de leur logique publicitaire et marchande essor des indicateurs de ventes, des tirages, des mentions légales du livre, de la compétition d'éditeurs, etc.. La prescription se fait information sur une saison des prix inscrite au calendrier marketing tout comme la rentrée littéraire de septembre ou les pavés de plage estivaux ; la presse relaie dans ses pages une fonction de conseil déjà connue du public habitué aux post-it enflammés des libraires et aux présentoirs coups de coeur » des médiathèques. L'écrivain y gagne en professionnalisation, mais y perd l'aura vocationnelle de l'homo sacer. La célébrité de l'écrivain lauré tient donc aujourd'hui d'une visibilité et d'une singularité éphémères et sans excellence liées à une économie du mérite » en régime démocratique et médiatique. La sécularisation contemporaine du littéraire, en conjuguant consommation et consécration dans le fétiche du livre-marchandise et en défendant une prescription confondant de plus en plus distinction et simple sélection dans une masse, donne l'impression que l'écrivain célèbre est désormais soluble dans le et paratexte une industrie de la rareté [12] » au coeur de la pléthore9Décerner un prix et en prescrire la valeur engage aussi le principal intéressé du dispositif de consécration littéraire l'éditeur. Son travail éditorial est un autre indicateur fort des orientations que prend la prescription littéraire. D'une quadrature du cercle qui oppose depuis des lustres art et commerce, couronne et bandeau [13], l'éditeur a fait de longue date le théâtre de toutes ses stratégies, la question restant de savoir comment il peut non seulement signaler un livre dans la jungle des nouveautés, mais aussi l'inscrire dans le temps long de la consécration, du palmarès ou du l'auteur ainsi peoplisé », à la fois fabriqué par la machine marketing et nobelisé, ressemble aujourd'hui à ces icônes en portraits de saints d'une Marilyn ou d'un Bacon reproductible en série sur les toiles de Warhol, et idolâtrées, dans le temple du dieu dollar » [14], le bandeau rouge du prix littéraire est le symbole d'une logique publicitaire et d'un argument de vente central. Tenant à la fois de la légion d'honneur et du simple label rouge d'une marchandise élue produit de l'année », proche des mercatiques blurbs ou dust jackets anglo-saxonnes auxquels il ajoute la french touch d'une décoration honorifique attachée aux mythologies et rituels de l'excellence ou de la distinction » encore actives dans notre hexagone national, il a vocation à désigner une qualité littéraire tout en se singularisant au sein d'une pléthore éditoriale. Parce qu'en littérature, l'auteur est le meilleur représentant du livre commercialisé et éclipse une marque éditoriale qui n'a pas, dans l'industrie du livre, la même faculté à asseoir son nom et son capital symbolique que dans les autres secteurs de l'économie » [15], le lauréat d'un prix, au même titre que l'écrivain célèbre ou l'auteur de best-sellers, est une véritable marque. Faisant partie des instances de production de la renommée » [16] au même titre que les rubriques Livres » des magazines et des journaux, les vitrines des libraires et les linéaires des hypermarchés, le prix littéraire, lui, fait vendre en outre sur son capital symbolique le Goncourt [17] ou le Médicis plus encore que sur celui d'un auteur se souvient-on seulement du nom du lauréat comme de l'éditeur du dernier Médicis ?. Étendard banal des industries de masse trop de bandeaux tue le bandeau ?, le bandeau est rouge mais aussi vert Julliard, blanc Stock, bleu noir Verdier, rose pour les lectrices de Elle, orange, à la couleur de la Fnac partenaire, pour le Goncourt des lycéens, selon la charte graphique de l'éditeur et le souci de trouver avant tout dans cet élément paratextuel le moyen d'une distinction » visuelle au sein d'une pléthore de livres, tout en jouant d'un imaginaire de l'excellence littéraire fortement ancré dans les et jetable, cet ornement paratextuel ne permet pas toutefois d'inscrire le livre ou l'auteur dans le temps long du fonds ou du catalogue. D'autres espaces du livre et d'autres formats éditoriaux répondent à cette ambition temporelle qui consiste à faire durer un livre né de l'actualité immédiate et de la jungle des titres, et à en prolonger le succès. Dans ce que l'on serait tenté d'appeler une industrie de la rareté » [18] consistant à désigner l'effort éditorial pour créer de la singularité à partir d'une pléthore, le prix littéraire trouve dans le livre de poche un prolongement naturel, chambre d'écho mentionnant à moult reprises sur son paratexte l'attribution du prix et l'année d'élection. Michel Tournier saura en faire son fond de commerce tout en rendant son oeuvre facilement accessible et largement diffusée, le poche » représente le facteur de classicisation qui fut pour lui le plus déterminant ; les répétitions sérielles de Vendredi dans sa double version pour adultes ou pour enfants et grand prix du roman de l'Académie française dans la première, avant son Goncourt pour Le Roi des Aulnes, magistralement relayées par l'école, feront de lui un classique au sens où, littéralement, il est massivement lu dans les classes ».12Pour faire durer de l'éphémère et panthéoniser du standard, la collection est une autre solution ce dispositif conçu, à l'instar du label, pour prendre la mesure d'une multitude de marchandises les livres en indiquant où est la qualité, n'a pas pour seul avantage de redoubler la marque éditoriale [19]. Elle lutte aussi contre la dispersion et l'oubli, libère même, selon Walter Benjamin, le livre du flux de la marchandise », créant de l' aura » autour des livres qu'elle réunit, déjà enjolivés par les discours d'escorte [20]. La collection L'Imaginaire », rééditant quelques livres primés et redonnant à leurs auteurs un prestigieux coup de projecteur Le Promontoire d'Henri Thomas, Le Faussaire de Jean Blanzat, etc., ainsi que des collections spécifiquement créées pour les prix littéraires comme la Collection des Prix Goncourt » lancée dans les années 1950 par les éditions de l'Imprimerie Nationale de Monaco, ou encore les éditions de luxe genevoises Famot, remplissent clairement cette et fabrique du roman13À l'ère des icônes sur papier glacé dont l'écrivain est l'un des corps glorieux, la fonction-auteur » s'est certes considérablement rétrécie, gagnée par les impératifs publicitaires de la fabrique du roman, mais la démocratisation culturelle et les industries de masse restent malgré tout une bonne nouvelle. Les prix de ce que j'appelle les mauvais genres » BD, polars et littératures de l'imaginaire introduisent notamment quelques variations intéressantes en matière de prescription littéraire. Cette dernière s'y fait revendication identitaire en ce que ces prix s'inscrivent comme tous les autres dans l'histoire des luttes pour le monopole de la définition légitime de l'écrivain et revendiquent la reconnaissance d'un genre littéraire longtemps dévalué parce que souvent associé au poche, aux productions à bas prix et à une économie industrielle de masse pour ne parler que des plus récents, les prix de polars issus des littératures de l'imaginaire prix Utopiales de SF, prix Imaginales de fantasy, prix Zone-Franche de Bagneux de la meilleure nouvelle publiée en fanzine.... En se voulant alternatives pour mieux faire oublier la standardisation des formats et des contenus, en s'affichant expérimentales contre le mainstream ambiant, ces littératures en quête de reconnaissance espèrent, par les prix, faire oublier leur genèse industrielle et commerciale de par-delà les impératifs économiques et éditoriaux que ces mauvais genres » recouvrent stimulation de la production d'un secteur éditorial, promotion d'une collection éditoriale, etc., ce sont bien les enjeux médiaculturels [21] » qu'ils incarnent qui les rendent inédits dans le dispositif des prix valorisation d'un territoire, d'une ville ou d'une région, comme les Utopiales de Nantes, les Imaginales d'Épinal ; association cross over de la musique, du théâtre, du cinéma et du multimédia dans certains festivals internationaux, comme celui d'Angoulême en BD. Bien plus, ils renouvellent radicalement la logique de prescription littéraire par une démarche génératrice de lien social et de rencontres, et par la cohésion communautaire de véritables tribus attachées aux mêmes totems culturels [22] qu'ils incarnent. En ce sens, ils font écho à l'une des métamorphoses les plus spectaculaires des prix littéraires celle par laquelle se voient entérinées des formes de littérature et de culture dites illégitimes » majoritairement consommées de nos jours, face à un livre de plus en plus concurrencé par ces nouveaux genres littéraires et par toutes les productions transmédiatiques déclinées sur iPad, liseuses, smartphones et signe des effets de la démocratisation culturelle sur la consommation littéraire et les formes nouvelles de la prescription l'essor des prix délivrés par bibliothécaires et libraires, autrement dit par des professionnels du livre situés en aval de la chaîne du livre. Leur inflation ces dernières années pose question s'agit-il simplement de ramener à la lecture des populations qui s'en désintéressent ? de lutter contre la désertion progressive de lieux du livre librairie, bibliothèque en substituant aux ennuyeux classiques » une actualité vivante, à défaut de qualité avérée ? À la fois instrument d'une médiation culturelle de proximité, sans marques d'allégeance avec les instances lettrées traditionnelles, outil de défense corporative de métiers de la chaîne du livre en crise et mis en danger par le déclin de la lecture, l'urgence d'un tri et le spectre d'univers prochainement googlisés » et amazonisés », les prix de libraires et de bibliothécaires sont liés à l'urgence, réelle ou fantasmée, d'une librairie ou d'une bibliothèque troisième lieu », sur le modèle de convivialité décrit par Ray Oldenburg [23]. Par crainte de se voir aliénée à une économie de distribution et de simple circulation des livres, la librairie a ainsi trouvé dans les prix littéraires dès les années 1950 une occasion d'asseoir une autorité prescriptive plus proche des lecteurs en restaurant son rôle de conseil et en recherchant une voie directe de légitimation. Mais l'atomisation des prix de la profession, des prix des librairies Initiales au prix Fnac en passant par le Prix des libraires et le prix Wepler, et le tsunami de la révolution numérique rendent plus que jamais incertain le devenir de ces espaces de la mouvance des nombreux prix littéraires, régionaux ou nationaux, créés dans les écoles, autrefois pour endiguer l'illettrisme, aujourd'hui pour aller dans le sens de la doxa et lutter contre la crise » de la lecture, les prix jeunesse offrent, quant à eux, aux bibliothécaires, à l'école et aux librairies spécialisées de segmenter un marché du livre jeunesse pléthorique et de fabriquer de la valeur – celle, moins littéraire que sociale, d'un rapport décomplexé aux écrivains et à la littérature, dont on ne sait encore vraiment s'il relève d'une injonction enseignante, d'un voeu pieux de retour au livre ou d'une volonté réelle des jeunes de lire autrement et autre chose. Si ces acteurs du livre y confortent leur rôle de médiateurs culturels, prix Sorcières, prix Tam-Tam J'aime lire et Je bouquine, prix des Incorruptibles ont aussi en commun leur faible médiatisation, mais que compense largement l'inscription des ouvrages prescrits dans des logiques de long-sellers et de rayonnement à l'international via les traductions facilitées. Souvent associés à des salons ou des festivals, ces prix sont aussi des instances de contrôle de la bonne lecture », préférant souvent les vertus morales, éducatives et didactiques à l'originalité et à la création audacieuse. Ils corroborent en ce sens le rôle de simples indicateurs de tendance et de boussoles de la bonne » réception que constitue tout prix et expertise profane17Mais c'est du côté du sacre des prix de lecteurs que la métamorphose de la prescription est la plus manifeste. Non seulement elle remet en cause la capacité des prescripteurs institutionnels traditionnels à dicter les choix littéraires, mais elle déplace surtout les conditions du sacre de l'écrivain » vers celles du prescripteur profane ou du Roi lire ». Ces prix alternatifs de lecteurs [24], initialement créés par des médias radio, TV, presse magazine et signe d'une entrée en force de nouvelles formes de consécration littéraire dans les circuits académiques traditionnels, vont massivement se développer dans les années 1970 Grand Prix des lectrices de Elle, prix du Livre Inter, etc., dans la contestation virulente d'élites lettrées dont on dénonce la corruption et la collusion avec les éditeurs. Mais par-delà cette crise majeure des grands prix d'automne, il faut lire aussi la volonté des médias modernes de s'ériger à leur tour en producteurs de goût, au nom d'une mission de service public donner la parole aux lecteurs/auditeurs qui n'exclut pas des intérêts commerciaux évidents fidéliser un lectorat ou renforcer une audience et des enjeux relevant d'une prescription marchande. Dans ces jurys tournants formés de lecteurs amateurs, le capital de confiance se fonde sur la préférence accordée aux agoras démocratiques de simples lecteurs sur les prytanées élitaires de professionnels avertis, sur l'absence d'implication de ces lecteurs dans les luttes et les intérêts du champ et sur le principe séduisant de bonne volonté culturelle » grâce auquel le plébiscite et le vote se substituent au verdict prescriptif. Cette nouvelle forme de prescription littéraire souligne aussi le rôle et l'efficience de ces nouveaux leaders » ou relais d'opinion » diffusant au plus grand nombre, en régime démocratique, les goûts et les choix normés par les médias ou le marketing en matière de littérature et de livres, selon la thèse de la communication à double étage two-step flow theory, ou two-step flow of communication développée par Lazarsfeld et Katz [25]que l'on serait tenté ici d'appliquer à ces jurys littéraires amateurs, dans la médiation prescriptive consentie qu'ils exerceraient entre médiatisation, promotion et dans la mouvance des initiatives multipliées, depuis les années 1980, par les pouvoirs publics de soutien promotionnel apporté au livre et à la lecture Temps des livres », Salon du livre, actions des Drac, CRL..., le Goncourt des lycéens est, lui, le résultat d'un partenariat étrange impliquant l'Éducation nationale, la Fnac de Rennes et l'académie Goncourt dans le but de donner un intérêt nouveau à la lecture scolaire [26] », en proposant à des lycéens la sélection d'ouvrages du vrai » Goncourt. Il relève de la lutte contre l'illettrisme et de la croyance en la valeur de la lecture comme pratique favorisant l'acculturation, comme dans tous les prix jeunesse qu'on voit fleurir aujourd'hui, sans être exempt d'intérêts marchands. Mais la confusion qu'il entretient entre missions éducative faire lire des livres et littéraire faire élire un auteur, et son enjeu commercial faire vendre des livres, illustrent bien la façon dont aujourd'hui les circuits de production, de diffusion et de légitimation du livre convergent au détriment d'un auteur qui voit le capital symbolique de sa création littéraire réduit à l'expertise en mode mineur de jeunes la véritable révolution de prix littéraires sera sans doute celle d'Internet qui, en renforçant et en accélérant cette promotion du jugement amateur, va nous permettre de mesurer en direct la construction d'une expertise profane de la fiction littéraire. Sites, blogs, forums, réseaux sociaux dynamitent, en effet, la frontière mouvante qui sépare amateurs et professionnels, sans remettre pour autant en question la croyance collective en un jugement critique capable de désigner la qualité littéraire. Il y a fort à parier que le Web proposera le meilleur et le pire de la prescription littéraire des prix alternatifs s'intéressant aux marges du marché, aux oubliés de la société du spectacle » prix des lecteurs de prix Écrire aufeminin [27], prix Biblioblog..., aux prix liés à de grosses enseignes marchandes ou à des annonceurs cachant mal les enjeux commerciaux qui sont les leurs prix du livre numérique lancé par la Fnac, le magazine ActuaLitté et les éditions Ex-Aequo [28], prix du livre numérique par Sony [29]..., en passant par tout ce marais des prix nés des blogs imitant plus qu'ils ne contestent les protocoles habituels, et proposant une prescription littéraire dictée par le j'aime/j'aime pas » d'une passion de la lecture à faire partager, mais qui, pour sincère qu'elle soit, a peu de chance de défendre une littérature originale, exigeante, voire difficile, totalement invisible dans l'espace médiatique actuel. Pour illustrer le caractère inédit des premiers et ne prendre qu'un exemple, le prix Biblioblog, créé en 2007 par ce carnet de lecture collaboratif et associatif animé par une équipe de rédaction de quinze membres dans le but de promouvoir le livre et la lecture, la communication, les échanges sur et autour de la littérature », inaugure un prix de lecteurs au maillage convivial, voire affectif, qui réactive en les renouvelant les mises en scène et les jeux de salons ou cénacles littéraires dans un curieux retour aux sources qui ont vu naître avec le xxe siècle les premiers prix littéraires Goncourt et Femina. Mais impliqué dans la défense de la librairie indépendante, plus ouvert aux petits éditeurs éditions Philippe Rey, Corti et aux primo-romanciers Paul Vacca en 2009, Tatiana Arfel en 2010, il affirme une fonction de découverte hors des sentiers bien balisés des rentrées littéraires et revendique l'expertise critique d'amateurs avertis réunis par un même plaisir de lire et d' être-ensemble ». La blogosphère offre donc au lecteur de sortir de l'ombre dans laquelle l'a cantonné la chaîne du livre traditionnel et d'exister pleinement comme lecteur actif, réactif, interactif et participatif. L'émergence via le Web de ce lecteur-roi change donc les règles du jeu de la reconnaissance littéraire la logique d'excellence laissant la place à une logique d'appartenance et de connivence fondée sur une communauté de goûts partagés. Comme jamais l'intelligence des textes et leur jugement critique sont devenus collectifs. Mais comme jamais aussi, une éthique de ces lectures collectives partagées, vigilante dans l'équilibre à trouver entre logiques esthétiques et marchandes, est attendue pour que le dispositif des prix littéraires échappe au rôle qui risque, sinon, de redevenir le sien celui de n'être qu'une simple machine à rétrécir les de livres et babil prescriptif crise ou métamorphose de l'autorité prescriptive ?20L'euphorie a donc ses limites et l'on ne peut s'empêcher de se demander ce que recouvre pareil babil prescriptif. À se démultiplier et se parcelliser à l'excès près de 2 000 prix littéraires aujourd'hui en France, dont moins d'une dizaine sont vendeurs, le dispositif de prix littéraires pose en effet question l'autorité prescriptive sans laquelle tous ces prix ne mériteraient pas une minute d'attention ne se perd-elle pas et ne se dilue-t-elle pas au point de ne plus faire sens et de s'annuler, réduite, au mieux, à une simple revendication d'existence, d'appartenance ou d'identité sans suite ? Tous ces espaces de désignation d'une valeur, à se contester et se contredire sans cesse au nom de missions hétérogènes, voire contradictoires, n'égarent-ils pas plus qu'ils n'éclairent le consommateur-lecteur noyé dans l'hyperchoix ? Et quid de la valeur esthétique si, comme on l'a vu, l'écrivain primé tient plus d'un faire-valoir dans un système où la désignation verticale par des élites lettrées de ce qui doit être lu est de plus en plus concurrencée par des formes de prescription horizontale proposant quelques balises informées de ce qui peut être lu dans tel ou tel registre des littératures que le marché propose, des formes les plus consentantes et formatées aux formes les plus exigeantes et esthétiques ? Ce n'est pas qu'on cesse de croire en la valeur esthétique comme en une essence éternelle totalement illusoire qui inquiète, mais qu'elle ne soit plus prioritaire dans les débats sur les palmarès des prix, talonnée par d'autres types de valeurs marchandes, utilitaires, corporatistes, éducatives, ludiques qui se soucient peu du devenir de la littérature. Que penser en effet d'un dispositif qui ne met plus la priorité sur le processus d'auctorialisation, sans lequel la prescription cesse de consacrer l'auteur et de légitimer le rôle de ses écrits dans la Cité, autrement dit lui ôte toute prérogative face à la loi du marché et aux impératifs de production éditoriale ? Si Jérôme Lindon lançait l'anathème dans un célèbre article du Monde contre une édition sans éditeurs » [30], que penser d'une édition sans auteurs » reconnus pour leur auctoritas et libres de s'autoriser à augmenter le volume de leurs écrits sans se soucier des effets de la mondialisation, de l'hyperchoix et de la rupture numérique » ? Message subliminal que suggère à sa manière La Liseuse de l'OuLiPien Paul Fournel, publié aux éditions en 2012 à la fois histoire drolatique de l'entrée de cet objet high-tech dans la vie d'un éditeur traditionnel, hymne passionné à la lecture et exercice de style à contrainte, le récit épousant la forme d'une sextine, cette forme poétique inventée au xiie siècle par le troubadour Arnaut Daniel, qui nous rappelle avec humour et poésie que sans la littérature, l'industrie culturelle du livre et sa cacophonie prescriptive ne mériteraient pas une heure de peine. Notes [1] Paul Ricoeur, Approches de la personne », Esprit, mars-avril 1990, p. 115-130. [2] Hervé Bazin, entretien dans Le Figaro, 17 décembre 1971. [3] James English, The Economy of prestige. Prizes, Awards and the Circulation of Culture Value, Cambridge, Havard University Press, 2005. [4] Paul Bénichou, Le Sacre de l'écrivain 1750-1830. Essai sur l'avènement d'un pouvoir laïque dans la France moderne, Paris, José Corti, 1973. [5] Sylvie Ducas, Prix littéraires en France labels du livre, Babel des livres », in Nathalie Collé-Bak, Monica Latham et David Ten Eyck dir., Les Vies du livre/The Lives of the Book, Presses universitaires de Nancy, 2010, p. 179-196. [6] Sylvie Ducas, Les prix littéraires des éditions de Minuit une paradoxale marque de style ? », actes du colloque de l'université d'Aix en Provence de mai 2012, Existe-t-il un style Minuit ?, Presses universitaires de Provence à paraître. [7] Sylvie Ducas, Hervé Bazin à l'Académie Goncourt Du “fils de Folcoche” à l'héritier des Goncourt », in Anne-Simone Dufief dir., Hervé Bazin, connu et inconnu, Presses de l'Université d'Angers, 2009, p. 11-25. [8] Sylvie Ducas, L'écrivain plébiscité ou “publi-cité” ? Images et postures autour des prix littéraires », in Laurence Guellec et Françoise Hache-Bissette dir., Littérature et publicité. De Balzac à Beigbeder, Paris, éditions Gaussen, 2012, p. 357-365. [9] Maria Pourchet, Faces et envers des écrans de la littérature 1953-2007. Archéologie d'un monde du Discours images, acteurs et publics de télévision, thèse de doctorat en sciences de l'information et de la communication, sous la direction de Jacques Walter, université de Metz, 2007 ; Frédéric Delarue, À la croisée des médiations les émissions littéraires de la télévision française de 1968 à 1990, thèse de doctorat d'histoire, sous la direction de Christian Delporte, université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 2010. [10] Il s'agit du projet La reconnaissance littéraire à l'épreuve de la célébrité les représentations médiatiques des écrivains en France 1945-2011 » financé par le ministère de la Culture et de la Communication Département Études, Prospective, Statistiques-DEPS, mené conjointement par le groupe de recherche Pratiques créatives sur Internet » du Laboratoire Communication et Politique UPR3255, CNRS et le groupe de recherche sur la Presse Magazine de Sciences-Po CHSP auxquels je me suis associée. Il vise à interroger toute la complexité de la reconnaissance littéraire en analysant les variations des représentations médiatiques des écrivains en France, tant d'un point de vue diachronique – de la Libération à nos jours – que synchronique, selon les supports examinés presse magazine, radio, télévision et web. [11] Autorité critique manifeste dans la première période 1945-60, mais déclin sensible dans la seconde 1960-70-2000 les articles consacrés à la littérature et aux livres sont de plus en plus courts disparition progressive du feuilleton littéraire situé en rez-de-chaussée de journal ; relégation dans les pages annexes des journaux, loin de la Une, abandonnent de plus en plus l'analyse stylistique poussée pour se réduire à la chronique ou au commentaire factuel. [12] Michel Melot, Livre, Paris, L'Œil neuf éditions, coll. L'âme des choses », 2006, p. 152. [13] Sylvie Ducas, La couronne et le bandeau. Paratexte éditorial des livres primés auteur canonisé ou livre labellisé ? », in Gilles Polizzi et Anne Réach-Ngô dir., Le livre, produit culturel » ? De l'invention de l'imprimé à la révolution numérique, Orizons, coll. Universités », 2012 , p. 133-149. [14] Sylvie Ducas, De la fabrique de l'auteur à la fable auctoriale postures et impostures de l'écrivain consacré », in Marie-Pier Luneau et Josée Vincent dir., La fabrication de l'auteur, Québec, Nota Bene, 2010, p. 160. [15] Sylvie Ducas, Prix littéraires en France labels du livre, Babel des livres », art. cit. [16] François Rouet, Le livre, mutations d'une industrie culturelle, Paris, La Documentation française, rééd. 2007, p. 20. [17] Selon M. Botton, patron du cabinet Nomen créateur des noms Wanadoo ; Vivendi... interrogé par Livres Hebdo, si le prix [Goncourt] était une marque commerciale, elle vaudrait 15 millions d'euros, soit le montant à investir en communication pour atteindre la notoriété et l'attractivité du prix » 1er août 2008. [18] Michel Melot, Livre, op. cit., p. 152. [19] Gérard Genette, Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, p. 27. [20] Walter Benjamin, Je déballe ma bibliothèque. Une pratique de la collection, Paris, Rivages, poche, coll. Petite Bibliothèque », 2000. [21] Au sens où l'emploie Éric Maigret, Bande dessinée et postlégitimité », in Éric Maigret et Matteo Stefanelli dir., La bande dessinée une médiaculture, Paris, Armand Colin/Ina, 2012 ; avec Éric Macé, Penser les médiacultures, Armand Colin/Ina, 2005. [22] Michel Maffesoli, Le temps des tribus le déclin de l'individualisme dans les sociétés postmodernes, 1988, Le Livre de poche, 1991. [23] Ray Oldenburg, The Great Good Place, Marlowe & Co, 1999. [24] Sylvie Ducas, Prix littéraires créés par les médias pour une nouvelle voie d'accès à la consécration littéraire ? Les exemples du Prix du Livre-Inter et du Grand Prix des Lectrices de Elle », Réseaux, 21117, Nouvelles voies de la consécration culturelle », Hermès Science Publications, 2003, p. 49-83. [25] Elihu Katz et Paul Lazarsfeld, Personal Influence, New York, The Free Press, 1955, Influence personnelle, rééd. Paris, Armand Colin, 2008. [26] Goncourt des Lycéens 2009 Mode d'emploi. [27] Prix d'auteurs amateurs visant à promouvoir la création littéraire dédiée aux supports numériques smartphones, liseuses, tablettes, PC et autres devices numériques. [28] Simple appel à textes et non pas prix récompensant des textes littéraires publiés en numérique en première édition. Même travail que les éditeurs en ligne comme François Bon et ou Christophe Lucquin de LC Éditions du Nouveau Livre, Nicolas Francannet de StoryLab et Numeriklivres. [29] Sony, Lire et sélectionnent des lecteurs pour devenir membres du jury. Ceux-ci se voient remettre un livre électronique Reader de Sony contenant les 10 livres sélectionnés et peuvent donner leur avis sur cette sélection sous forme de critiques publiées sur le site sur Le Cercle Reader mais aussi sur les réseaux sociaux Twitter, Facebook, Youtube.... Le Prix, créé en 2011, est attribué dans le cadre du Salon du livre de Paris. [30] Jérôme Lindon, De l'édition sans éditeurs », Le Monde, 9 juin 1998. Bénichou, Paul, Le Sacre de l'écrivain 1750-1830. Essai sur l'avènement d'un pouvoir laïque dans la France moderne, Paris, José Corti, Walter, Je déballe ma bibliothèque. Une pratique de la collection, Paris, Rivages, poche, coll. Petite Bibliothèque », Frédéric, À la croisée des médiations les émissions littéraires de la télévision française de 1968 à 1990, thèse de doctorat d'histoire, sous la direction de Christian Delporte, université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Sylvie, Hervé Bazin à l'Académie Goncourt Du “fils de Folcoche” à l'héritier des Goncourt », in Anne-Simone, Dufief dir., Hervé Bazin, connu et inconnu, Presses de l'université d'Angers, 2009, p. Sylvie, La Littérature à quels prix ? Histoire des prix littéraires, Paris, La Découverte, coll. Cahiers libres », Sylvie, De la fabrique de l'auteur à la fable auctoriale postures et impostures de l'écrivain consacré », in Marie-Pier, Luneau et Josée, Vincent dir., La Fabrication de l'auteur, Québec, Nota Bene, 2010, p. Sylvie, L'écrivain plébiscité ou “publi-cité” ? Images et postures autour des prix littéraires », in Laurence, Guellec et Françoise, Hache-Bissette dir., Littérature et publicité. De Balzac à Beigbeder, Paris, éditions Gaussen, 2012, p. Sylvie, La couronne et le bandeau. Paratexte éditorial des livres primés auteur canonisé ou livre labellisé ? », in Gilles, Polizzi et Anne, Réach-Ngô dir., Le livre, produit culturel » ? De l'invention de l'imprimé à la révolution numérique, Orizons, coll. Universités », 2012, p. 133-149. En ligneDucas, Sylvie, Prix littéraires créés par les médias pour une nouvelle voie d'accès à la consécration littéraire ? Les exemples du Prix du Livre-Inter et du Grand Prix des Lectrices de Elle », Réseaux, 21117, Nouvelles voies de la consécration culturelle », Hermès Science Publications, 2003, p. Sylvie, Prix littéraires en France labels du livre, Babel des livres », in Nathalie, Collé-Bak, Monica, Latham et Ten Eyck David dir., Les Vies du livre/The Lives of the Book, Presses universitaires de Nancy, 2010, p. James, The Economy of prestige. Prizes, Awards and the Circulation of Culture Value, Cambridge, Havard University Press, Gérard, Seuils, Paris, Le Seuil, Elihu, Lazarsfeld, Paul, Personal Influence, New York, The Free Press, 1955, Influence personnelle, rééd. Paris, Armand Colin, Michel, Le temps des tribus le déclin de l'individualisme dans les sociétés postmodernes [1988], Le Livre de poche, Éric, Macé, Éric dir., Penser les médiacultures, Armand Colin/Ina, Éric, Stefanelli, Matteov dir., La bande dessinée une médiaculture, Paris, Armand Colin/Ina, Michel, Livre, Paris, L'Œil neuf éditions, coll. L'âme des choses », Ray, The Great Good Place, Marlowe & Co, Maria, Faces et envers des écrans de la littérature 1953-2007. Archéologie d'un monde du Discours images, acteurs et publics de télévision, thèse de doctorat en sciences de l'information et de la communication, sous la direction de Jacques Walter, université de Metz, Paul, Approches de la personne », Esprit, mars-avril 1990, p. François Le livre, mutations d'une industrie culturelle, Paris, La Documentation française, rééd. 2007.
Que nous apprend la pop-culture sur la perception des dynamiques urbaines, et notamment la gentrification des centres occidentaux ? Illustration avec les trentenaires chicagoans de la sympathique sitcom Happy Endings inédite en France, en proie à l’embourgeoisement annoncé de leur quartier. Dans l’épisode S01E09 – You’ve Got Male, Max et Alex le looser gay et la petite commerçante de quartier partent en guerre contre un café de type Starbucks qui vient d’ouvrir dans le quartier. Le premier dialogue est à ce titre révélateur de la manière dont la gentrification est perçue par les protagonistes. Selon Max, l’ouverture d’une franchise de ce type est en effet un signe avant-coureur de gentrification, annonçant une inquiétante » évolution socio-démographique du quartier… l’arrivée de familles ! A l’opposé du dernier Pokémon qui n’évoquait que les vertus d’une certaine forme de gentrification réhabilitation de friches industrielles, Happy Endings se concentre ici sur les dommages collatéraux de l’embourgeoisement, non seulement pour les commerçants mais aussi pour l’âme » du quartier. [0’35] Max – Qu’est-ce que c’est ? Homme-sandwich – Un nouveau café. Nick’s coffee & tea. Alex – Super, ça manquait dans le quartier. Max – Ce n’est pas un café, c’est une chaîne. Homme-sandwich – On a 300 magasins sur la côte Ouest. Max – Alex, une chaîne de cafés est un signe de gentrification. Tu sais ce que ça veut dire ? Dave – Des lattes au potiron ! Max Ça veut dire augmentation des loyers. Ça veut dire supermarchés bio. Ça veut dire des familles, Dave. Des familles. Alex – Oh, des scones au beurre chaud ! Max – Alex, tu devrais te sentir concernée. Un chaîne de magasins est l’ennemi N° 1 des petites commerces comme le tien. Alex – T’as raison. J’y avais jamais pensé. Convaincue par le discours de Max à partir de 2’12, Alex se décide alors à réunir les petits commerçants du quartier afin d’organiser une pétition contre l’installation du café… Max propose quant à lui un plan de bataille plus radical de désobéissance civile » 2’50… jusqu’à découvrir que son nouveau petit ami est le propriétaire de la franchise faisant écho à l’intrigue de You’ve Got Mail. Celui-ci lui explique d’ailleurs que les commerçants du coin ne sont pas accueillants ils distribuent des tracts, organisent un boycott… » 3’28 Suite à cette nouvelle, Max et Alex tentent de faire avorter la manifestation organisée par les commerçants du coin 5’52 Cet épisode illustre parfaitement, avec la simplicité et l’humour caractéristiques de la série, la dimension quasi-guerrière qui oppose les habitants d’un quartier aux supposés gentrifieurs voire aussi La gentrification est sport de combat… et la paranoïa qui va avec. Sans vouloir prendre sa défense, il existe aujourd’hui une certaine forme de caricature de la gentrification en France sous la bannière de la boboïsation véhiculée par des médias volontiers réducteurs vis-à -vis d’un processus plus complexe qu’il n’y paraît, notamment dans ses origines politiques plus subtiles et donc moins facilement dénoncées. Il en résulte une certaine paranoïa vis-à -vis de supposés signes avant-coureurs de la gentrification [ndlr je tombe moi-même parfois dedans, même quand ceux-ci n’en sont pas vraiment – comme ici avec l’ouverture d’un Starbucks, relativement inoffensif comparé à d’autres types d’installations a priori moins critiquables centres culturels, etc. Comble du comble – qui n’est malheureusement pas évoquée dans l’épisode -, Alex et Max présentent toutes les caractéristiques des pré-gentrifieurs Max est un post-étudiant homosexuel vivant dans un immense loft non-réhabilité poke RichardFlorida, tandis qu’Alex tient un magasin de vêtements et bijoux typiquement bobo. Leurs amis ne sont pas en reste, appartenant pour certains aux populations typiques de la gentrification Penny, Jane et Brad appartiennent déjà à la petite bourgeoisie. En réalité, ce sont eux [Sam, Max et leurs amis] qui ont amorcé la gentrification en s’installant dans ce quartier, et en le rendant ainsi suffisamment séduisant pour attirer les jeunes familles décriées par Max. Certes, ce n’est qu’avec leur arrivée que la gentrification s’épanouira vraiment, pour le meilleur et surtout pour le pire hausse des loyers, éviction des classes populaires, etc. Mais c’est d’abord et avant tout l’authenticité » du quartier, telle qu’elle est théorisée et préservée par les autochtones », qui rendent le quartier désirable aux gentrifieurs… et aux promoteurs. Une dualité complexe, que les scéaristes ont à mon sens tenté d’exprimer dans cette intrigue, notamment en exagérant le ridicule de la protestation cf. les réunions de petits commerçants et les slogans farouches des pancartes, tel que le caricatural Down with the fashist pig ». Ce sont d’ailleurs Max et Alex qui mettront fin à la révolte qu’ils avaient eux-mêmes lancée, parachevant la légitimation de l’enseigne dans le quartier… et donc sa contribution probable à une future gentrification dont ils sont partie prenante malgré eux ». [ndlr j’ai rédigé mon mémoire de M1 sur la dualité des pratiques ludiques en milieu gentrifié , où je mettais en évidence le rôle des pré-gentrifieurs dans la seconde vague de gentrification du Canal St Martin, à la fin des années 2000.] Il n’aura finalement fallu que d’un peu d’amour pour pacifier ces tensions. Les gentrifieurs ne passeront pas, qu’ils disaient ? Et pourtant… ¡Han pasado! – Note Sans le savoir, les scénaristes ont ici mis en scène, presque littéralement, une évolution sociétale et urbaine parfaitement décrite et décriée par David Harvey dans Le capitalisme contre le droit à la ville, récemment traduit en français et déjà cité ici Centre commerciaux, multiplexes et grandes chaînes prolifèrent, de même que les fast-foods, les marchés vendant des produits artisanaux, les petites boutiques, tout cela contribuant à ce que Sharon Zukin a joliment appelé la pacification par le cappucino ». Et quelques lignes plus bas La défense des valeurs de la propriété revêt un si grand intérêt politique que, comme le note Mike Davis, les associations de propriétaires dans l’Etat de Californie sont devenues des bastions de la réaction, sinon même des fascismes fragmentés de quartier. David Harvey, Le capitalisme contre le droit à la ville 2008 – 2011,
aux cabinets malgré l humour et la vertu